Exilé au Bénin depuis 2014 après sa chute, l’ex-Président centrafricain Michel Djotodia a regagné Bangui depuis samedi 5 septembre 2020. Il était revenu brièvement une première fois en janvier. Mais cette fois-ci, il affirme rentrer définitivement. A peine arrivé, l’ancien Président s’active. Il justifie sa présence au pays pour «contribuer à la paix et à la tenue d’élections apaisées». C’est dans cette perspective qu’il organise, une «conférence nationale de la réconciliation» qui, est loin de faire l’unanimité.
Ainsi, moult spéculations circulent autour du deuxième séjour de l’ancien Président. Certains cadres de l’opposition centrafricaine le soupçonnent d’avoir conclu une alliance secrète avec l’actuel chef de l’Etat Faustin-Archange Touadéra, qu’il a rencontré. Ce que nient ses proches.
Michel Djotodia prévoit de rencontrer tout ce que la Centrafrique compte comme personnalités de premier plan, «si tout se passe comme prévu». Cela va du chef du gouvernement aux chefs religieux en passant par son prédécesseur à la tête de l’Etat, François Bozizé, qu’il a renversé en 2013, les chefs des milices qui occupent 80% du territoire, les leaders de la mouvance présidentielle et de l’opposition ou encore la société civile.
Dans son agenda, il insiste sur les noms des principaux chefs de guerre centrafricains, qu’il veut aller rencontrer dans leurs fiefs respectifs, avant de prendre langue avec les autorités des pays voisins. Son objectif: «rassembler très vite tout ce beau monde dans la ville de Bria», pour ce qu’il appelle «un grand rassemblement de la réconciliation». «Djotodia veut obtenir de toutes les parties et surtout des chefs de guerre qu’ils s’engagent à respecter l’accord de paix de Khartoum et pour des élections apaisées», explique Idriss Saloa, un de ses proches.
Quoiqu’elles ne cachent pas leur méfiance, majorité et opposition se disent prêtes à le rencontrer. Mais pour François Gueneben, porte-parole du KWA NA KWA, le parti de François Bozizé, «Le fait que ce soit lui qui prenne une telle initiative prouve le manque de leadership du pouvoir». La réponse du Mouvement cœurs unis au pouvoir est très sèche. «Ça n’est pas à un quidam donné d’organiser une telle conférence de réconciliation», a tonné son secrétaire exécutif, Mathieu Sarandji.
Concernant une éventuelle candidature à la présidentielle de la fin de l’année, Djotodia dit vouloir «aviser le moment venu», mais que «rien ne l’empêche d’être candidat». «Ce qui est essentiel pour moi, c’est la paix»: «je suis venu d’abord pour cela, pour aider par tous les moyens les autorités, la communauté internationale, à consolider la paix en République centrafricaine», a-t-il dit. Et de conclure: «Je suis de retour définitivement», menace ou simple agenda?

Gaule D’AMBERT