Près de 5,5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes ce dimanche 18 octobre pour élire le prochain président de la République de Guinée-Conakry. Douze candidats sont en lice dont l’actuel chef de l’État, Alpha Condé, qui brigue un troisième mandat après l’adoption controversée d’une nouvelle Constitution. Si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) assure que tout s’est bien déroulé, certains observateurs ont émis des doutes sur la crédibilité du processus.

Les informations reçues font état de vote calme. Les électeurs se sont déplacés normalement, il n’y a pas eu de problèmes majeurs dans les bureaux de vote. Certains ont ouvert un petit peu en retard, d’autres un petit peu plus tôt mais de manière générale, les choses se sont déroulées normalement et sans incidents majeur.
À Kankan, le fief du chef de l’Etat en Haute-Guinée, on a pu constater une forte affluence dès l’ouverture des bureaux de vote. Beaucoup d’électeurs étaient sur place dès 6h du matin, notamment dans les quartiers Bordo et Heremakono, où l’on sent un fort engouement des électeurs. «C’est un devoir de citoyen que j’accomplis depuis le retour de la démocratie en 2010», confie Moussa Sangaré.
À l’inverse, l’affluence dans la matinée était moyenne, voire faible, dans le centre-ville de Kankan ainsi que dans trois bureaux de vote situés dans les quartiers Missirah et Mobil, précisément là où des actes de violence se sont produits en début de semaine dernière.
Les quelque 600 observateurs de la société civile déployée en Haute-Guinée n’avaient pas constaté d’incident majeur. À l’inverse, le candidat Ousmane Kaba, qui a voté à Kankan, affirme avoir relevé des anomalies, notamment des « bureaux de vote fictifs » selon ses mots, dans les quartiers Bordeaux et Missirah de Kankan. Ces informations ont été démenties par le président de la Commission électorale communale de Kankan.
Le chef de l’État sortant a voté dans la commune de Kaloum, le centre-ville de Conakry, non loin de la présidence. «Je souhaite que tout se passe dans la paix et la tranquillité», a-t-il déclaré, avant de «souhaiter bonne chance à la Guinée». «Mon souhait est que l’élection soit libre, démocratique et transparente, que tout se passe dans la paix et la tranquillité», a ajouté Alpha Condé. Son principal concurrent, Cellou Dalein Diallo, s’est également acquitté de son devoir de citoyen près de son domicile de Dixinn. «Je suis confiant», a-t-il déclaré. «L’heure de l’alternance est venue, j’espère juste que des violences ne viendront pas entacher ma victoire», a-t-il poursuivi avant d’appeler ses militants au calme: «Je lance un appel à tous mes partisans, de faire preuve de retenue, de responsabilité, pour que ce scrutin se passe dans les meilleures conditions. Je n’ai aucun doute quant à l’issue du scrutin et c’est pourquoi je ne souhaite pas que des violences viennent perturber le scrutin».
Les différents camps s’accusent mutuellement d’entretenir la tension par des actes d’intimidation envers leurs délégués respectifs, après une campagne marquée par quelques actes de violence, un processus décrié par l’opposition et un parti au pouvoir qui dit craindre des troubles à l’annonce des résultats. Dans un communiqué, le ministère de la Sécurité parle d’«une forte mobilisation, tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays et note deux incidents mineurs». Samedi 17 octobre dernier, l’ONG Amnesty International a appelé les autorités à «protéger la sécurité de toute la population, alors que la campagne électorale a été marquée par des violences et des violations des droits humains».
Le principal enjeu de cette élection est la reconduction d’Alpha Condé pour un troisième mandat, ou l’alternance à la tête du pays. Le chef de l’État, qui a fait modifier la Constitution lors d’un référendum controversé pour pouvoir se représenter, espère l’emporter dès le premier tour. Alors que les premiers résultats sont attendus dans la semaine, le pouvoir indique que la CENI est l’unique institution à même de les publier, ce à quoi n’entend pas se plier l’opposition.

Gaule D’AMBERT