M. Armand Guy Richard Ndinga Okossa est le secrétaire adjoint du Conseil consultatif des personnes vivant avec handicap, mais également ingénieur agroéconomiste. Dans l’entretien qu’il nous a accordé à Brazzaville, il aborde plusieurs questions, notamment celles portant sur la cohabitation entre les personnes valides et non valides, ainsi que celle du projet de construction d’un centre des personnes vivant avec handicap sévère.

*Comment définissez-vous la personne vivant avec handicap ?
**La population du monde dans son entièreté se compose de personnes valides et celles dites handicapées, et le Congo notre pays n’échappe pas à cette réalité. Ces personnes sont officiellement nommées Personne vivant avec handicap (PVH). La population étant catégorisée en personnes valides et PVH, cette réalité se répercute également dans les douze départements que compte le pays.
*Quel constat faites-vous de PVH dans la société ?
**La catégorie de PVH comprend en son sein cinq types de handicaps : les handicapés moteurs, les déficients visuels, auditifs, intellectuels et les sans mélanines. Dans cette classification, il y a aussi des handicapés légers et sévères, tel un individu qui vit avec plusieurs infirmités dans son être physique. En fait, le constat est amer parce que des Congolaises et des congolais éprouvent de réelles difficultés à cohabiter et à gérer des PVH. Une telle personne est avant tout un être humain créé par Dieu, en dépit de son infirmité, il jouit de tous ses droits, mais également des devoirs, donc sujet de droit, un être de chair et de sang qui peut-être votre père, votre mère, votre frère, votre sœur, votre enfant.
*Quel est votre avis par rapport à ces agissements, et que suggérez-vous ?
**Nous condamnons de tels agissements qui déshonorent les uns et humilient les autres. Les PVH ont une fois de plus des droits comme tout Congolais et doivent bénéficier de protection et d’assistance de la part de tous, étant une catégorie vulnérable. Tenant compte des raisons évoquées ci-haut, nous suggérons à l’Etat de construire des centres de prise en charge totale des PVH sévères tels les autistes, et ceux qui souffrent d’infirmité motrice cérébrale (IMC). Ces centres auront pour missions principales l’hébergement et l’accompagnement scolaire et professionnel, mais également sanitaire. En réalité, la plupart des parents n’ont pas la maîtrise de la gestion de ce type de handicaps. L’hébergement pourrait être total ou partiel selon les cas, pendant la période scolaire particulièrement.
*Quel message à l’endroit des décideurs ?
**Le fait que nous avons comme ministre des Affaires sociales et de l’Action humanitaire une dame, donc une mère, nous donne à saisir cette opportunité pour faire appel à sa conscience de femme qui donne la vie, de nous accompagner dans notre rêve, en présentant notre projet auprès du Chef de l’Etat, pour sa réalisation, lui qui est un homme de cœur, et qui avait décidé en 1981 de construire l’Institut national des aveugles du Congo et l’installation d’une institution constitutionnelle au profit des PVH en 2018 (Conseil consultatif des personnes vivant avec handicap), et qui a transmis à sa descendance génétique cet élan de cœur visible à travers sa défunte fille, notre regrettée soeur Edith Lucie Bongo Ondimba. Sans oublier Mme Stella Mensah Sassou-Nguesso, maire de Kintélé qui, après avoir visité l’école inclusive Emmaüs de l’ONG Viens et Vois, a reçu avec avis favorable la demande de cette dernière en mettant à la disposition de cette école une maison de quatre pièces pour recevoir les élèves déficients visuels pensionnaires de l’école inclusive en provenance de l’intérieur du pays. Mais aussi, à tous ceux qui accompagnent la jeunesse congolaise dans l’amélioration de son éducation.
*Que dites-vous pour conclure ?
**Si l’ONG Viens et Vois a pu toucher le cœur des Suisses à travers la Mission évangélique Braille qui a financé la construction de l’école inclusive à Kintélé, à hauteur de 212 millions de F CFA, les responsables de MEDIPSY (Handicap Afrique) qui gèrent les enfants atteints de l’infirmité motrice cérébrale (IMC) ont pu convaincre l’Union européenne pour financer un projet de 200 millions de F CFA environ. Nous sommes convaincus que l’Etat congolais par le biais du ministère des Affaires sociales et de l’Action humanitaire qui dispose des cadres expérimentés et pourrait avoir des partenaires pour réaliser ce projet. Depuis près de deux décennies, les pays développés et émergents augmentent leur budget relatif à l’éducation et à la recherche, donc, il ne peut y avoir d’inconvénients à financer un tel projet qui concourt à la formation des personnes vulnérables. Enfin, un pays qui améliore la prise en charge des personnes fragiles ou qui pratique la discrimination positive, investit pour son propre développement.

Propos recueillis par Alain-Patrick
MASSAMBA