Le Congo dispose maintenant d’un comité national de gestion des pesticides. L’installation et le lancement officiel des activités de cet organe consultatif ont eu lieu mercredi 16 septembre 2020, à Brazzaville. La cérémonie a été présidée par le ministre d’Etat Henri Djombo, ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, en présence d’Auguste Itoua, directeur général du Comité inter-Etats des pesticides de l’Afrique centrale(CPAC), institution spécialisée de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Le but est de maîtriser les origines et les caractéristiques des pesticides à utiliser surtout dans le maraîchage.

L’objectif principal du Comité national, organe consultatif de coordination et d’orientation des activités relatives à la gestion nationale des pesticides est de veiller à garantir la qualité des pesticides, leur bonne gestion dans la protection durable des végétaux, la préservation de la santé humaine et la protection de l’environnement dans la sous-région Afrique centrale
La pratique de l’activité maraîchère intense menée dans les villes et les campagnes au Congo favorise l’inondation de pesticides non maîtrisés. Ces pesticides exposent la santé des populations et des animaux, polluent et dégradent l’environnement. Depuis des décennies, l’utilisation des pesticides est controversée et fait l’objet des décisions politiques difficiles. Le chemin parcouru par la communauté internationale pour une prise de conscience de la dangerosité des pesticides en vue de la règlementation de leur utilisation a été long et sinueux, selon les experts.
La FAO indique que 4,6 millions de tonnes de pesticides chimiques sont pulvérisés dans le monde chaque année, ce qui équivaut à 146 kg par seconde. Bien que les pays en développement représentent 25% de la consommation mondiale, ils enregistrent 99 % des décès dus à l’utilisation des pesticides. Le Congo fait le pari de la diversification de son économie par l’agriculture, elle est bien concernée par cette problématique. La preuve en est que les services des douanes ont enregistré de 2005 à 2019, l’importation de 6278,448 tonnes de pesticides, représentant une valeur monétaire de 7.981.212.729 de francs CFA. Devant le danger, la règlementation seule ne peut constituer la panacée. Il a fallu également développer les alternatives, en mettant à contribution la biodiversité richement dotée et en promouvant les pratiques d’une agriculture biologique. C’est pourquoi l’opérationnalisation du comité national de gestion des pesticides constitue un pas important vers l’utilisation responsable des préparations chimiques, qui est un gage de santé publique, de protection de l’environnement et de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
La mise en place du comité national a eu lieu à la faveur du décret présidentiel portant création, attribution, organisation et fonctionnement, réunissant en son sein toutes les entités des pouvoirs publics et privés exerçant une responsabilité dans le processus national de gestion des pesticides.
Auguste Itoua a exprimé sa satisfaction sur la présence de ce comité national. «Un organe destiné à fluidifier la circulation d’informations sur la gestion des pesticides entre le CPAC et le Congo. La 36e session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union économique d’Afrique centrale tenue le 10 août 2020 par visioconférence, a doté le CPAC d’un organe dédié uniquement à étudier les demandes d’homologation déposées par les firmes pour donner suite à ces demandes. Cet organe baptisé Commission sous régionale d’homologation des pesticides comprend douze experts chevronnés des Etats de la CEMAC, en raison de deux par pays membre. Après sa création, elle ne demande plus qu’à travailler», a-t-il dit.
A son tour, le ministre d’Etat Henri Djombo a souligné les efforts qui se réalisent pour faire face aux produits chimiques. «Tout au long du processus de concertation, se trouve in fine le renforcement du rôle des Gouvernements et des communautés régionales dans la détermination des pesticides utiles et moins nocifs pour l’homme et l’environnement et leur contribution à l’établissement des normes, afin de mieux répondre aux questions liées aux pesticides et d’en apporter des solutions idoines et inclusives», a-t-il déclaré.
La République du Congo, a poursuivi le ministre d’Etat, a ratifié plusieurs traités et conventions internationaux. Au plan national, l’internalisation de ces instruments juridiques et règlementaires internationaux et sous régionaux a conduit à la publication, en 2010, du décret instituant le Comité national de gestion des pesticides.
A noter que ce Comité comprend un bureau de coordination de trois membres. La présidence est assurée par le ministre de l’Agriculture, la vice-présidence par un cadre de l’environnement et le secrétaire rapporteur est le directeur général de l’agriculture, poste qu’occupe actuellement Bienvenu Ntsounva. La fonction de membre du comité national de gestion des pesticides est gratuite.

Philippe BANZ