‘’Pépé’’ ! Sous ce sobriquet, trouvé dans le football carioca, se cachait Noël Minga-Tchibinda. Celui que le football congolais pleure aujourd’hui était un joueur phare des Diables-Rouges. Il avait notamment contribué au superbe sacre du Congo à la 8e Coupe d’Afrique des Nations, en 1972 au Cameroun. L’ancien milieu défensif laisse derrière lui le souvenir d’un footballeur de grand talent.
Son modèle, Pépé, Minga l’avait vu de ses propres yeux au Stade de la ‘’Révolution’’ à la faveur d’un séjour des Brésiliens du FC Santos à Brazzaville sous la férule du roi Pelé en personne. Si l’autre était un attaquant, Minga, lui, garçon solide et bien posé sur ses jambes, déterminé, efficace et porteur d’eau, était un briseur d’attaques d’une correction exemplaire doublé d’un distributeur de charme qui cédait rarement à l’affolement.

a close up of a person
Le tombeur du Cameroun

‘’Minguez’’ (comme on aimait aussi à l’appeler plusieurs années après avoir rangé ses chaussures à crampons) savait aussi organiser le jeu et se montrer comme un redoutable frappeur, manquant rarement sa cible. Il ne faisait pas les choses à demi, dirait l’autre. Bon technicien, adroit des deux pieds, actif, clairvoyant, élégance naturelle, il jouait simplement mais de manière efficace en servant ses coéquipiers dans le bon tempo.
Depuis la retraite de Minga ‘’Pépé’’, je n’ai plus vu émerger un autre milieu défensif aussi intelligent et doué que lui. En tout cas, il s’était affirmé comme l’un des plus brillants et des plus complets milieux de terrain. Et malgré sa courte taille, il ne s’en laissait jamais conter par les costauds.
Né le 12 juillet 1947 à Pointe-Noire, Minga avait contracté le virus du football dans sa ville natale. En jouant, à l’instar des gosses de son âge, au mwana-foot dans une équipe appelée Gazelle Mombo. Puis dans Hongrie, une équipe célèbre aussi bien par ses performances que par ses pugilats sur la terre rouge du quartier Ntié-Tié. C’est là que V.Club-Mokanda le découvre et veille pour que Minga échappe aux sergents recruteurs ponténégrins et brazzavillois. Sans succès.
Le frère cadet d’Albert Minga ‘’Vautour’’ devient un jour sociétaire de Patronage Sainte-Anne. Il y extériorise son talent et remporte les titres de champion communal et national en 1968. Il ne restera plus aux sélectionneurs nationaux que de s’emparer de ce fruit mûr. Minga devient donc international en 1970, dans une équipe nationale où la concurrence est féroce (Akouala, ‘’Ondjolet’’, ‘’Jadot’’, Poaty ‘’Hidalgo’’, Mbemba ‘’Thorex’’, Balékita, etc.). Malgré tout, il aura le loisir de conquérir l’exigeant public du stade de la ‘’Révolution’’. Plus tard, devenu soldat, il intégrera l’Inter Club, l’équipe des militaires. Ce sera son dernier club.
Minga ‘’Pépé’’ fut l’un des premiers Congolais sélectionnés dans l’équipe d’Afrique. Celle qui participa du 11 juin au 9 juillet 1972 au Brésil à la mini-coupe du monde organisée à l’occasion du Centenaire de l’indépendance du pays du roi Pelé. Ayant raccroché en 1983, il était devenu entraîneur, sollicité et par l’Inter Club et par l’équipe nationale qu’il conduira à la phase finale de la CAN-Sénégal 1992. Sans oublier l’AS Cheminots ou l’AC Léopards de Dolisie. Tel était Minga ‘’Pépé’’, colonel des FAC, qui vient de nous quitter.
Merci beaucoup d’avoir bercé notre jeunesse et de nous avoir fait rêver, ‘’Pépé’’.
Rendons-lui un grand hommage, car il fait partie de ces hommes qui ont tout donné à la nation.
Repose en paix, champion ! Adieu, ‘’Pépé’’ !

Guy-Saturnin
MAHOUNGOU