Quand j’ai rencontré Aybienevie Nkouka pour la première fois, ce n’était pas à La Semaine Africaine, où nous avons travaillé pendant plus de 12 ans, côte à côte, dans les tranchées, dans la salle Père Legall, notre salle de rédaction et parfois à deux sur le terrain.
Nous nous sommes rencontrées pour la première fois dans les couloirs de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines de l’Université Marien Ngouabi, autrefois Faculté des lettres et des sciences humaines. J’étais en deuxième année; elle, en Licence de journalisme au département des Sciences et techniques de la communication (STC), où de nombreux collègues et confrères de la corporation sont formés.
De la même école de journalisme avec Aybienevie, elle m’a accueillie les bras grands ouverts et le sourire aux lèvres à La Semaine Africaine, dans la presse écrite où les femmes se comptent du bout des doigts.
Au départ unique femme à la rédaction à l’époque, en la rejoignant elle et moi formions désormais un binôme féminin qui, aux côtés des hommes, étanchaient la soif des lecteurs de La Semaine Africaine à chaque parution.
Promue à la tête du service Développement, une rubrique orientée vers le traitement des questions relatives aux projets publics d’envergure nationale, elle s’est donné corps et âme, à travers sa plume édifiante, à une analyse minutieuse et rigoureuse de l’actualité dans ce secteur au grand bonheur de nos lecteurs. J’y participais parfois et c’est de manière pressante qu’elle insistait pour que j’apporte mon papier afin de «monter sa page».
Au-delà de la franche collaboration dans le travail, une complicité est née et quotidiennement nous partagions nos peines, assurances et espoirs dans la pratique du métier et, bien souvent, dans nos défis personnels.
Tel un chef d’orchestre, elle savait créer une ambiance chaleureuse et apporter un réconfort immense à l’épuisement physique et mental que chacun pouvait ressentir en fin de journée à la rédaction, notamment quand il fallait s’y attarder pour boucler le journal.
Pour détendre l’atmosphère lourde des journées de bouclage, elle et moi dressions un front commun contre la gent masculine qui se montrait sans cesse taquine. Aux railleries des collègues, elle réagissait au bond et se faisait le plaisir de riposter énergiquement, suscitant une hilarité apaisante.
Aybienevie!
Je n’ai pas assez de larmes pour diluer la douleur qui m’accable. Mais ton souvenir immense, gravé dans ma mémoire, me donne assez de force, assez d’énergie et de dynamisme pour aller de l’avant, pour voir ton reflet dans les yeux purs de la petite Exode Victoire Rita, ta fille sur qui tu veilleras de là-haut et que nous ne cesserons de porter dans nos cœurs. Je suis très heureuse d’avoir partagé avec toi une partie de la vie, toi qui avais l’art de cultiver l’amitié et la bonne humeur.
Puisse l’Eternel que tu as servi avec ardeur te reçoive dans son amour infini!
Adieu, ma sœur!
Esperancia Mbossa OKANDZE