Dix-sept ans de la disparition de l’illustre artiste-musicien Rapha Bounzeki (Bernard Bounzeki à l’état-civil), l’association des sapeurs du Congo, sous la conduite de Maxime Pivot Mabandza, a rendu un vibrant hommage au disparu. C’était ce 10 mai 2025 à travers une cérémonie aux multiples symboles.

Auteur-compositeur, chanteur et danseur hors-pair, ‘’’Le Brazzavillois’’, comme aimaient à l’appeler certains fans, est décédé le 10 mai 2008. Il a fait partie d’un certain nombre d’orchestres de Brazzaville, Dolisie et Pointe-Noire, dont le plus illustre fut Véritable Mandolina, avant de se lancer dans une carrière solo. L’artiste a su concilier la musique et la Sape.

Bounzeki 2
Rapha Bounzeki «Aphara»

Rapha Bounzeki s’est révélé au public au début des années 80 et a laissé plusieurs titres à succès qui sont encore d’actualité comme: ‘’Christianisé’’; ‘’Parisiien refoulé’’ ; ‘’Le départ pour l’école’’. La commémoration a commencé par le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de l’artiste au cimetière du centre-ville, comme symbole de l’amitié que les sapeurs ont eu avec l’artiste.
Maxime Pivot Mabandza a souligné: «Rapha Bounzeki, qui était encore appelé ‘’roi de la Sapologie’’, a quitté ce monde certes, mais nous ne l’avons pas oublié ainsi que ses oeuvres. Nous sommes venus lui rendre hommage. Nous ne sommes pas seuls, d’abord au nom du ministère en charge de l’Industrie culturelle, de tous les sapeurs du Congo-Brazzaville et de celui du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, le premier sapeur congolais. Nous sommes venus rendre hommage à notre icône de la Sapologie décédée il y a dix-sept ans. Nous venons toujours lui rendre hommage parce que c’est lui qui a valorisé la Sapologie et il a gardé cette identité de Brazzavillois Bounzeki parce qu’il était un grand musicien», a-t-il rappelé. En souvenir de l’artiste, quelques chansons ont été fredonnées sur place.
Dans la deuxième phase de la journée, les sapeurs se sont retrouvés dans le premier arrondissement Makélékélé où ils ont observé une minute de silence en mémoire du disparu, avant de passer à la «diatance» (la marche version sapologie) qui s’est faite au rythme de la musique de Rapha Bounzeki dont les œuvres restent à jamais gravées dans le psychique des mélomanes.
Elégamment habillé, un sapeur a fait savoir: ‘’Rapha Bounzeki était un artiste-musicien accroc à la sape, il l’a prouvé à plusieurs reprises, lors de différents évènements, personne ne peut l’ignorer. Et la Sapologie c’est notre identité, soyons fiers de ce que nous sommes, de ce que nous représentons, c’est une authenticité. Ne pensons pas que la Sape est quelque chose de vulgaire, non! Bien au contraire, c’est un phénomène que l’on doit reconnaître comme tel à sa juste valeur’’.
Dans l’ensemble, les sapeurs ont remercié Maxime Pivot Mabandza pour cette initiative. Ils ont souhaité qu’il en soit ainsi chaque année, tout en sollicitant l’apport du Gouvernement lors des prochaines cérémonies. «La Sape est un phénomène de société qui détourne les gens de la violence, un brassage de la jeunesse de toutes les ethnies afin de cultiver le vivre-ensemble. Vu sous cet angle, cela devrait être pris en compte par nos autorités», a-t-il conclu.
Rapha Bounzeki «Aphara» était né le 4 août 1961 à Brazzaville et il est mort le 10 mai 2008 des suites d’un malaise causé par une crise d’hypertension. Il avait 47 ans.

Alain-Patrick MASSAMBA