Les avis sur l’opération menée depuis près de trois semaines par la Direction générale de la sécurité présidentielle (DGSP) sont partagés. Une partie de la population soutient l’initiative visant à neutraliser les «Kulunas» et autres «bébés noirs» qui sèment la terreur dans les quartiers, tandis que les activistes des droits de l’homme dénoncent de graves violations.

La DGSP est au centre des discussions, et son intervention est saluée par une partie de la population, bien qu’elle soulève des préoccupations sur sa légitimité.
Il aurait été préférable que cette opération évite le spectacle de tueries publiques, qui est traumatisant pour la population. Ces actions de grande envergure ont lieu dans plusieurs quartiers de la capitale, ciblant les «bébés noirs» et les «Kulunas» qui terrorisent les habitants.
Vivre dans ces quartiers était devenu à risque, avec des meurtres, des viols et des vols au quotidien. Une fois arrêtés, ces criminels retrouvaient rapidement la liberté, s’évadant parfois avec l’aide de complices. Beaucoup de chefs de gangs étaient connus des forces de sécurité.
Ces jeunes, garçons et filles, parfois mineurs, agissaient sans pitié. Les appels à la rédemption étaient souvent interprétés comme des incitations à poursuivre leurs activités criminelles. «Quand les forces de sécurité ne parviennent pas à mettre fin à la criminalité, c’est que les criminels se cachent au sein même des services de sécurité», déclarait le général Mahelé Bokungu Leko.
La DGSP a donc décidé de sonner la fin de la récréation, agissant pendant plus de deux semaines pour éliminer ces criminels jusque dans leurs derniers retranchements.
Ils sont souvent abattus brutalement, et leurs complices ou protecteurs en subissent également les conséquences. Certains d’entre eux se sont enfuis dans des quartiers périphériques ou des villages. Brazzaville respire un peu mieux.
L’opération se poursuit sans surprise. Le 10 octobre, elle s’est étendue au contrôle des taxis motos, tricycles et activités connexes, avec des sanctions pour les contrevenants. Immatriculation des motos, port de casques homologués, obligation de porter un gilet fluorescent numéroté et interdiction de transporter plus d’une personne ou de le faire en position amazone. Les étrangers sont également exclus de cette activité.
Un délai de 72 heures avait été accordé aux conducteurs de motos taxis pour se conformer à ces dispositions.
Mais les défenseurs des droits de l’homme ne voient pas cette action d’un bon œil. Ils dénoncent des «exécutions sans procès ni jugement dans un climat d’impunité totale», condamnant fermement cette opération et appelant à son «arrêt immédiat». Ils demandent même au procureur de la République d’engager «des poursuites judiciaires contre les responsables hiérarchiques et opérationnels impliqués».
Après la traque des «Kulunas» et des «bébés noirs», il serait souhaitable que la DGSP s’intéresse également aux auteurs de crimes économiques, qui restent impunis. La corruption prend des proportions alarmantes, et le vol est devenu monnaie courante.
Le mal est bien ancré. Les Congolais n’ont plus de honte à voler ni peur de tuer. Les problèmes touchent tous les secteurs de la vie sociale. L’accès à l’eau et à l’électricité est devenu un véritable casse-tête; les prix des transports en commun augmentent à la fantaisie des contrôleurs, et le carburant se fait rare, tout comme les passeports et les pièces d’identité.
Quant aux familles endeuillées, elles doivent faire face à des difficultés financières pour enterrer leurs proches. L’enterrement d’un membre de la famille est devenu un véritable parcours du combattant. Tout est devenu question d’argent, y compris dans les administrations et, surtout, dans le secteur médical, ainsi que dans la justice, qui est censée rendre le droit. Au niveau des impôts, même le timbre fiscal manque. Le mal est profond.

KAUD

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