Pour la première fois de son histoire, la République du Congo est sur une «ban list». L’administration américaine du président Donald Trump a décidé que les ressortissants congolais n’étaient plus la bienvenue aux Etats-Unis. Plus inattendu et surprenant que le motif de «terrorisme» invoqué. Plus «acceptable» est l’autre motif, tant nous savons nos compatriotes frappés d’ordinaire par l’amnésie à revenir quand on est parvenu dans un pays développé.
Cette décision nous renvoie à nous-mêmes avant même de pleurnicher sur la «méchanceté» clamée d’un président des Etats-Unis ! M. Donald Trump a été élu. Sur la base de son programme, il a convaincu ses compatriotes à faire des Etats-Unis un pays de grandeur («Make America great again»). Et ce programme passe par l’expulsion assumée des étrangers en situation irrégulière.
Il énonce que les Américains n’ont plus le temps, le loisir et l’état d’esprit de se pencher sur les malheurs du monde. On peut le déplorer, mais on n’aurait pas le droit de condamner la conduite d’une Nation par ses dirigeants légitimes. Parce que, en creux, c’est aussi nous rappeler à notre devoir de nous développer dans l’honnêteté de la gestion de nos ressources. Quatrième producteur africain de pétrole, nos revenus auraient dû nous mettre en situation de posséder les meilleurs hôpitaux, les meilleures écoles, les meilleurs revenus etc…
Depuis lundi 9 juin, nous sommes interdits d’entrer aux Etats-Unis. Notre passeport se distinguera désormais de tous les autres provenant d’un pays terroriste. Les Congolais s’étonnent de cette nouvelle catégorie dans laquelle nous plongent les approximations de gestion, comme au sport, ou en économie. Ceux de nos compatriotes qui ont «oublié» de rentrer, préférant nettoyer des poubelles en Occident en clandestins plutôt que de venir planter de la tomate «citoyenne» chez nous-mêmes n’ont pas à se dire que les transferts par Western Union sont la cause de cette situation.
Car c’est à nourrir toutes nos tantes que nous sommes invités désormais. Et nos dirigeants devraient eux aussi se remettre en cause les premiers. Ils n’ont pas réussi à retenir nos jeunes au pays, ou à rendre celui-ci suffisamment attrayant et sûr pour qu’ils y reviennent après des études à l’étranger. Si au moins, ceux qui restent étaient assurés d’avoir un passeport pour voyager et revenir ! Nous sommes dans une situation humiliante qui nous fait raser les murs à l’étranger, nous, jadis si fiers. Triste.

Albert S. MIANZOUKOUTA

Abonnez-vous à notre bulletin d'information