*Monsieur le secrétaire permanent, l’élection présidentielle est désormais derrière nous. Quels sont les principaux enseignements que le PCT a tirés de son déroulement et de sa conclusion?
**L’élection présidentielle des 17 et 21 mars 2021 s’est déroulée dans une atmosphère de paix, de transparence et dans une courtoisie politique de taille. Nous nous réjouissons de la participation de toutes les sensibilités politiques à cette élection. C’est d’ailleurs l’occasion de féliciter le Gouvernement pour avoir réussi cet autre challenge.
Les observateurs de l’Union Africaine et de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (GIRGL), de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et des Organisations non gouvernementales, dans leur neutralité, ont constaté que le scrutin a été organisé conformément aux standards internationaux, continentaux et sous-régionaux en matière électorale, garantissant les conditions d’élections libres et démocratiques.
A l’issue du premier tour de ces élections, le Président candidat Denis Sassou-Nguesso a été réélu avec 88,40% de suffrages exprimés, selon des résultats définitifs publiés par la Cour constitutionnelle.
Nous ne nous tromperons pas si nous félicitons le peuple souverain pour sa mobilisation, son attachement aux valeurs démocratiques et à l’ensemble des parties prenantes qui ont œuvré à la tenue d’un scrutin inclusif et paisible, consolidant les acquis démocratiques de notre pays. Le plus important, c’est que le résultat qui en sort reflète la réalité des urnes.

* L’Union des démocrates humanistes Yuki (UDH-Yuki) a publié le samedi 3 avril d’autres résultats partiels du scrutin qui lui donnent une large avance devant le Président Denis Sassou-Nguesso. Et de déclarer vainqueur Guy Brice Parfait Kolelas, à l’issue de leur propre compilation. Quelle lecture faites-vous de cette déclaration?
**Pour être sincère avec vous, je dois vous affirmer que le PCT et la Majorité présidentielle n’accordent aucun crédit aux déclarations de l’UDH-Yuki.
La publication des résultats de l’élection présidentielle le samedi 3 avril 2021 par l’UDH-Yuki est couverte d’une irresponsable déconcertante.
Le cadre normatif et institutionnel des élections en République du Congo consacre un bicéphalisme dans la gestion des opérations électorales.
Les compétences sont ainsi partagées entre l’administration gouvernementale, à travers la Direction générale des affaires électorales (DGAE), organe rattaché au ministère de l’Intérieur et la Commission Nationale Electorale Indépendante (CNEI), commission paritaire où siègent les représentants des partis, les groupements politiques et la société civile. Les opérations de vote, de dépouillement ou de compilation des résultats électoraux transmis par les commissions locales sont de la compétence exclusive de la CNEI et non des partis politiques.
A son tour, la CNEI transmet les résultats au ministère de l’Intérieur et de la décentralisation qui seul, a les attributions de publier les résultats provisoires officiels.
En procédant de la sorte, on peut dire que l’UDH-Yuki souffle le chaud et le froid, en l’espace de quelques heures, en se mélangeant les pinceaux.
Tantôt, elle invite la Cour constitutionnelle à prononcer l’annulation des résultats du scrutin des 17 et 21 mars 2021 en s’appuyant, semble-t-il, sur les dispositions de l’article 70 de la loi fondamentale du pays (un peu mal assimilé par l’UDH-Yuki) ; tantôt, elle publie ses propres résultats, revendiquant la victoire (donc crédibilise le scrutin).
Devant ces deux extrêmes intra UDH-Yuki, peut laisser penser à un irrespect de la République de ceux qui prétendent conduire nos destinées. Nous savons souvent où ce comportement conduit et le peuple congolais n’est pas dupe pour se laisser manipuler.

*Quelques lacunes ont été signalées dans l’organisation de l’élection. Comment entendez-vous les corriger pour le futur?
**Vous parlez de lacunes, mais je préfère parler de difficultés mineures dûes à ce type d’exercice. De manière globale, tout s’est bien passé ; même s’il faut souligner quelques faiblesses liées surtout au transport du matériel électoral et à l’ouverture de certains bureaux de vote.
Comme aucune œuvre humaine n’est parfaite, les problèmes qui surgissent lors des élections ne sont pas l’apanage du Congo ou de l’Afrique. Si vous avez suivi l’actualité internationale, vous nous donnerez raison sur la faiblesse des processus électoraux.
Nous pensons humblement que tous les pays ont besoin d’en apprendre davantage sur les problèmes techniques que pose une élection, parce qu’une élection n’est pas seulement un événement mais avant tout processus surtout pour nos jeunes démocraties.

*Avec une victoire aussi large, le PCT va-t-il gouverner seul ? Quelle sera la place de l’opposition?
**Leader des partis favorables au Président de la République, le PCT est un parti ouvert à plusieurs autres alliés constituant le groupement politique de la majorité présidentielle. D’ailleurs, l’histoire du pays nous enseigne que le Président Denis Sassou-Nguesso a toujours travaillé avec toutes les forces éprises de paix. Et puis, pour servir son pays, on n’est pas obligé d’être dans les instances gouvernementales.

*Un candidat, Guy Brice Parfait Kolelas, est décédé à la fin du vote et c’est la première fois dans l’histoire électorale du Congo. Quels enseignements pour le futur?
**La mort de Guy Brice Parfait Kolelas est une grande perte pour la démocratie congolaise et une grande consternation pour le PCT. Le Président Denis Sassou-Ngueso a un lien particulier avec la famille biologique de l’illustre disparu et s’est impliqué personnellement pour tenter de sauver le président de l’UDH-Yuki, en créant les conditions de son évacuation sanitaire en France. Pour les enseignements du futur, je dois dire que tout ce qui est lié à la mort est imprévisible. A preuve, elle nous a surpris au moment où on s’y attendait le moins. Dommage !

Propos recueillis par
A.S. MIANZOUKOUTA