Cet espace est réservé aux questions que bon nombre de férus du football congolais se posent sur divers sujets. Jean-Michel Mbono ‘’Sorcier’’, véritable légende vivante du ballon rond, les a répertoriées et y répond.

*Que dites-vous sur l’encadrement médical des clubs en Afrique noire?
J.-M. MBONO: De plus en plus de charlatans investissent les bancs de touche et aires de jeu, se passant pour des soigneurs et autres kinés. Quid de l’exercice illégal de la médecine sévèrement réprimé sous d’autres cieux? Nous sommes toujours médusés et interloqués par l’incompétence et l’impéritie de ceux désignés par certains clubs pour faire office de soigneurs et du manque de préparation physico-diététique des joueurs. Que mangent-ils ? Combien de temps avant le match ont-ils fait la sieste ? Pourquoi s’écroulent-ils tous après 45 minutes de jeu ?
Comment peut-on prétendre être bienfaiteur des clubs, investir tant d’argent pour les constituer, faire signer des joueurs, leur donner des salaires et autres primes sans faire quoique ce soit pour préserver et entretenir ce potentiel. L’on pense à tout, même à budgétiser des fonds pour corrompre les officiels, marabouts compris, mais on oublie de constituer un staff médical avec un minimum de compétence. Sous d’autres cieux plus respectueux des compétences de chacun, c’est le staff médical qui met à la disposition du coach la liste des joueurs à même de rentrer sur le terrain. Le staff médical n’est pas la quatrième roue du carrosse dont on peut faire l’économie.
Les joueurs de foot ne doivent plus être considérés uniquement comme du bétail que l’on jette en pâture à brouter de l’herbe, et une fois engraissés, sont envoyés à l’abattoir. Donnons de la valeur et de la considération à nos joueurs, en recrutant des techniciens qualifiés.
La mort subite des sportifs sur les terrains interpelle notre conscience. Dirigeants, encadreurs techniques, staffs médicaux, supporters, parents et sportifs ; tout le monde est concerné. Quelles précautions sont prises pour sauvegarder la vie des sportifs ? Qu’est ce qui est fait pour s’assurer au préalable de leur bonne santé physique ?
Les aires de jeu ne doivent plus être transformées en mouroirs. Il est grand temps que des mesures préventives et énergiques soient prises pour parer à toute éventualité.

*Comment pensez-vous protéger la pépinière?
J.-M.MBONO: Dans le contexte de notre football d’aujourd’hui, tout le monde ou presque s’accorde pour dire que nous avons un riche vivier ; une pépinière pouvant servir à alimenter nos sélections nationales de demain. Les talents foisonnent partout, sur l’ensemble du pays, et chaque jour, nos enfants rêvent de devenir les stars de l’Equipe nationale à venir.
Mais existe-t-il chez nous une véritable politique d’encouragement à l’épanouissement des jeunes talents, système qui soit à peu près conforme à la norme internationale de l’heure? Nous pensons qu’il y a encore du chemin à faire, malgré les efforts qui sont consentis de façon disparate.
Il est clair que pour un meilleur encadrement de notre pépinière, la formation des formateurs doit être intégrée dans un schéma. Nos encadreurs et autres formateurs de jeunes doivent être imprégnés des notions de préformation ou de formation adaptée aux catégories d’âge. Ainsi, on aura l’assurance que le message passera mieux auprès des gamins. Le travail de formation, détection, sélection, évaluation doit s’articuler dans la durée sur un cahier des charges bien défini. Aux promoteurs de structures d’encadrement, il faudrait réclamer un minimum de sérieux. Car même s’il est vrai que nos centres ne pourront facilement se doter d’installations adaptées compte tenu de l’environnement local, l’on doit, soi-même, s’assurer qu’on dispose d’un terrain d’entraînement et du matériel requis. L’Etat doit également soutenir cette politique d’encadrement de nos jeunes en mettant en place les conditions d’une saine expression sportive. La réhabilitation des infrastructures avec le concours des collectivités locales doit être une préoccupation première.

(A suivre)