L’année 2023 marque le trentième anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse; trois décennies au cours desquelles des progrès substantiels en faveur d’une presse libre et de la liberté d’expression ont été obtenus dans le monde. Au Congo, malheureusement, la célébration de cette Journée a été un vrai fiasco pour les professionnels des médias.

Le droit à la liberté d’expression, inscrit à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, est une condition préalable et un moteur de la jouissance de tous les autres droits de l’homme. Cette année, la célébration du 30e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse est donc un appel à définir la liberté de la presse, ainsi que celle des médias indépendants, pluralistes et diversifiés, comme une condition nécessaire à la jouissance de tous les autres droits de l’homme.
Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.
Trois décennies plus tard, l’occasion était propice pour les journalistes de rappeler au Gouvernement la nécessité de respecter son engagement en faveur de la liberté de la presse. C’est aussi une journée de réflexion entre professionnels des médias sur les questions de liberté de la presse et d’éthique professionnelle. Et c’était également l’occasion de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse; d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde; de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession.
Rien de tout ça n’a été fait. Le Conseil supérieur de la liberté de communication s’est trouvé dans l’incapacité d’organiser la cérémonie qu’il avait pourtant lui-même prévue au mémorial Pierre Savorgnan de Brazza. «Le calendrier gouvernemental», serait la raison évoquée pour justifier l’annulation pure et simple de cette cérémonie, au grand dam des journalistes et de quelques officiels qui étaient surpris de cette décision qualifiée d’injuste et incompréhensive.
Pourtant, tout était fin prêt sur le plan organisationnel de cette cérémonie qu’on a voulu placer sous le patronage du ministre de la Communication et des médias. Le budget débloqué d’avance, rien donc ne pouvait justifier son annulation. Quoi qu’il en soit, même si le ministre était empêché, il pouvait se faire représenter.
Les décisions importantes au sein du CSLC se prennent en collège des membres et non de façon unilatérale. Pour tenter de rattraper l’échec de cette organisation et les quelques heures qui restaient, selon l’expression utilisée par le Premier ministre, une cérémonie très sobre a été ”boutiquée” nuitamment à l’hôtel ELBO Suites. Les journalistes ont été appelés précipitamment au téléphone. Tout s’est déroulé «debout-debout» comme on dit, et le nombre des invités a été compté.
Au cours de la cérémonie, le ministre de la Communication a plaidé en faveur de la transformation des statuts juridiques des médias d’Etat, notamment la télévision nationale et la radio en établissements publics à caractère industriel et commercial.
Il a également sollicité l’octroi d’une enveloppe d’urgence aux médias d’Etat mais rien sur la presse privée qui ne bénéficie même pas de la redevance audiovisuelle (RAV).
«Notre presse est en danger de mort et il convient de disposer des ressources nécessaires. Il y a un travail qui est fait au niveau du ministère pour les médias publics. Il a commencé avec la transformation du statut juridique de l’imprimerie nationale. Nous allons, à l’imitation de ce qui s’est fait, donner l’autonomie aux médias publics de manière à leur permettre de trouver eux-mêmes des financements. Ce sera un progrès parce que nous pourrons à ce moment-là, avec les managers, trouver des voies et moyens d’assurer le fonctionnement et la croissance de ces médias», a annoncé Thierry Lézin Moungalla.
A l’opposé, le président du Conseil d’administration de l’Union des professionnels de la presse du Congo, Jean Charles Maniongui, et le directeur exécutif de Journalisme et éthique Congo, Arsène Séverin Ngouéla, ont sollicité l’accompagnement de la presse privée par les pouvoirs publics.
Le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso; Chris Mburu, coordonnateur résident des Agences du système des Nations-Unies et Mme Fatoumata Barry Marega, représentante de l’UNESCO au Congo, étaient présents.

KAUD