Le 25 janvier prochain devrait se réunir à Brazzaville la réunion du Comité de Haut Niveau de l’Union africaine sur la Libye. C’est une énième initiative du président de ce comité, M. Denis Sassou-Nguesso. La situation en Libye revient à la Une de l’actualité avec des nouvelles chaque jour plus inquiétantes. Les deux camps belligérants ne se réduisent pas au cessez le feu auquel les appellent des institutions comme l’ONU. Le maréchal Khalifa Haftar contrôle une partie du nord de la Libye.

Il a déclenché en avril une offensive contre la capitale et le gouvernement d’union de son rival Fayez Al-Sarraj qui y siège. Haftar a tout d’abord rejeté toute idée de cessez-le feu, avant de se rallier à une proposition russo-turque dont la signature était prévue pour se faire à Moscou ce lundi. Chacun pose ses conditions et accentue la pression. La semaine passée, ses forces du maréchal Haftar se sont emparées de Syrte, la ville de naissance de l’Union Africaine. Et de Mouammar Kadhafi.
C’est son assassinat en octobre 2011 qui a placé le pays tout sens dessus dessous. La Libye, ses immenses richesses pétrolières et gazières, à quelques encablures seulement des côtes européennes sur les bords de la Méditerranée, est faite pour attiser les convoitises. Au centre d’une géostratégie assise sur trois continents: l’Afrique, le Proche-Orient (Asie) et l’Europe, le pays est la clé de la stabilité dans cette zone tourmentée. Chassés d’Irak, les djihadistes de l’Etat islamique ont tenté d’y établir leur éphémère khalifat. En même temps, la Libye représente une charnière dans laquelle se sont engouffrés des millions de désespérés, décidés à prendre tous les risques pour gagner l’Europe (à seulement 300 km de là, l’équivalent de la distance Brazzaville-Dolisie).

Le ministre Gakosso en éclaireur
La situation libyenne est une véritable bombe à retardement. Des intervenants étrangers, Russie et Turquie notamment, se sont ajoutés à la liste des autres acteurs importants, chacun porteur d’une solution, chacun avec son agenda. Cela contribue à marginaliser l’Union Africaine. L’ONU a rappelé à l’ordre: la question libyenne se règlera dans le cadre de la diplomatie multilatérale, et pas sur le militaire.
C’est aussi la position soutenue par le président Denis Sassou-NGuesso et l’Union africaine. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Claude Gakosso a rencontré jeudi dernier à Addis-Abeba, en Ethiopie où siège l’Union africaine, M. Smail Chergui, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union. Tous deux ont procédé à l’analyse de la situation en Libye.
Tous deux ont réitéré «la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, le strict respect de l’embargo décrété par le Conseil de Sécurité des Nations Unies sur les armes en Libye», et souligné «’impératif de mettre fin à toutes les interférences extérieures dans ce pays qui compliquent la situation et retardent la promotion d’une solution politique entre libyens à cette crise».
«L’Union africaine réitère une nouvelle fois sa conviction qu’il ne saurait y avoir de solution militaire à ce conflit et réaffirme sa disponibilité toute naturelle à accompagner les parties libyennes sur la voie du dialogue et de la réconciliation nationale».
L’Ethiopie n’était que la première étape du ministre Gakosso. Dans les différentes capitales où il s’est rendu et où il poursuivra son périple, il consultera les différents interlocuteurs pour la réussite de la prochaine réunion de Brazzaville. Mais, signe de l’imbroglio parasitant, un autre sommet sur la Libye est également annoncé dans les prochains jours à Berlin, en Allemagne, ajoutant à la confusion.

Albert S.
MIANZOUKOUTA