A l’occasion de la rencontre littéraire organisée une fois par mois par le Forum des gens de lettres, un hommage a été rendu à l’écrivain-poète Jean-Baptiste Tati Loutard pour les 10 ans de son rappel à Dieu. L’écrivain congolais Jean-Baptise Tati Loutard, considéré comme l’une des voix majeures de l’Afrique francophone, disparait le 4 juillet 2009, laissant derrière lui une littérature abondante dont l’aura a traversé les océans. Le 10e anniversaire de sa disparition a réuni, jeudi 19 décembre dernier à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville, les férus de littérature.

Plusieurs orateurs ont rendu témoignages sur la vie littéraire, politique et citoyenne (sociale) de l’écrivain-poète. Au nombre de ceux-ci et sous la modération de l’écrivain Jessy Loemba: Ramata Nkodia, Urbano Mbou-Maba, Rosin Loemba, Jean Blaise Bilombo Samba, et Jean-Pierre Heyko Lekoba.
Pour le docteur Noël Ramata Nkodia, Jean-Baptiste Tati Loutard, au-delà du fait qu’il a écrit et défendu une thèse sur la poésie française, est resté attaché à son pays natal, à ses origines de Ngoyo, à travers ses écrits comme: «Racines congolaises», «Les chroniques congolaises», «Les nouvelles chroniques congolaises», etc. Il n’a pas plagié les poètes français, mais a su faire la symbiose entre la poésie française, la poésie francophone et la poésie de sa terre natale. Il a aussi été l’un des rares écrivains congolais à avoir eu l’audace d’embrasser des sujets engagés. Par exemple, dans son livre «Le masque du chacal» où il met à nu certaines pratiques de la politique congolaise dont il est lui-même participant. Une sorte d’autocritique.
Dans son témoignage, Jean-Blaise Bilombo Samba a estimé que Jean-Baptiste Tati Loutard a été un écrivain inspirant et inspiré pour ceux qui le lisent et qui ont écrit sur sa personne.
Urbano Mbou Makita, jeune professeur certifié de lycée en langue française qui a parlé de la «titrologie loutardienne», a indiqué que les titres de poèmes de Tati Loutard sont le miroir d’une vision…Toute son œuvre exalte le Congo dans son entièreté.
Quant au jeune critique littéraire Rosin Loemba, qui a souligné la poétisation du double dans «Le masque du chacal», a mis en lumière les différentes fonctions du totem en tant qu’objet décoratif qui a un grand rôle dans l’imaginaire poétique de l’écrivain.
Enfin, Jean-Pierre Heyko Lekoba a édifié le public venu nombreux à ces retrouvailles littéraires sur le fait que Jean-Baptiste Tati Loutard était plus un grand homme d’Etat qu’un homme politique.
Né le 15 décembre 1938 à Ngoyo, dans la commune de Pointe Noire, Jean-Baptiste Tati Loutard, après ses études de lettres en France, a enseigné la littérature à l’Université de Brazzaville qui est par la suite devenue Université Marien Ngouabi où il a assuré les fonctions de doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines, d’alors.
A partir de 1975, il a, tour à tour, occupé les portefeuilles ministériels de l’Enseignement supérieur, de la Culture, des arts et des sports. En 1997, il devient ministre des Hydrocarbures, jusqu’à sa mort le 4 juillet 2009.
Jean-Baptiste Tati Loutard a publié une dizaine des recueils de poésie.
Son activité poétique s’étale sur une trentaine d’années. Elle a donné forme à une réflexion profonde sur l’art et la vie, la nécessaire réconciliation des contraires. Ce qui lui valut de devenir leader du Mouvement culturel congolais.
L’écrivain a reçu plusieurs distinctions: Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1987, Prix Tchicaya-U-Tam’Si, pour l’ensemble de son œuvre poétique en 1999, médaille d’officier des Arts et lettres de la République française, membre de l’Académie mondiale de poésie, membre du Haut-Conseil de la Francophonie, entre autres.

Marcellin MOUZITA
MOUKOUAMOU