‘’Une vie de chien au Labrador’’ est le premier roman de Gandard Yindoula. Edité par l’Harmattan-Congo en 2013, ce récit de cent soixante neuf pages se présente comme une autopsie des pratiques nauséeuses qui freinent le mieux-être dans la plupart des sociétés africaines postcoloniales. Ce roman est une somme de récits dans un seul récit, voire des scénarii portant sur une même trame, sous forme de nouvelles en lambeaux, proche du style narratif de Tchichelle Tchivela dans «Les fleurs de lantana».
«Au Labrador, pays imaginaire, dans les transports en commun, se rencontrent, au grand hasard, des hommes insolites: ceux qui parlent et ceux qui écoutent, ceux qui attendent et ceux qui agissent. (…) Toute la société est remuée dans ses coins et recoins, toute la société est soumise à l’examen impitoyable de la maïeutique: pourquoi tel travers, et pourquoi tel autre? Ainsi commence donc le torrent des grands changements des horizons meilleurs», lit-on à quatrième de couverture.
La lecture du roman laisse transparaître un écrit fort engagé, avec des sous-parties ayant comme titres, «La sécurité sociale», «Les devoirs d’un responsable», «Première pension, attente, éternité», «Nos actes qui tuent», «Les témoins ont des devoirs», etc. Qu’on a l’impression de lire le romancier français Emile Zola ou le camerounais Mongo Béti par un réalisme saisissant dans la description de l’insolite.
L’auteur, comme dans une série télévisée, enchaîne des épisodes invraisemblables pouvant arracher au lecteur, à la fois, quelques bouffées de rire ou de chagrin. Tant l’intrigue caresse une ironie subtile, qu’elle embrasse un drame affreux. Cette fresque multicolore devient comme un antivirus qui démasque et met en quarantaine les antivaleurs pouvant même corrompre les consciences les plus intègres.
Les déboires des retraités, les bavures policières, le manque de professionnalisme dans les hôpitaux, les techniques de dilapidation des fonds publics, les pénuries d’eau et de carburant, la conduite libertine de certaines autorités…Voilà autant de maux qui sont dénoncés dans ce roman.
De l’autre côté, les morceaux musicaux de CEPAKOS ou de Casimir Zoba (Zao) évoqués de passage, quelques congolismes et d’autres évocations toponymiques dénotent une certaine configuration de la patrie de l’écrivain.
Par ailleurs, il va sans dire qu’’’Une vie de chien au Labrador’’ recouvre une grande richesse lexicale et anthropologique. Ce roman croustillant, écrit dans un français châtié avec quelques tournures narratives atypiques et émotives, serait recommandable à partir du lycée.

Aubin BANZOUZI
(Source : adiac-congo.com/Les Dépêches du Bassin du Congo)