Pour la réouverture des frontières de Madagascar au reste du monde, les secteurs touristiques et privés se disent insatisfaits des mesures imposées par les autorités malgaches. Dans les faits, il n’y a pas eu de nouveaux vols arrivés dans les aéroports malgaches samedi 5 mars 2022. Les conditions d’entrée à Madagascar ont été annoncées par les autorités le jour même de la réouverture.
Ces conditions strictes ne redonnent pas espoir aux entreprises, deux ans après la fermeture des frontières. Elles se concentrent notamment autour du test PCR à l’arrivée et confinement de deux jours à l’hôtel à la charge du voyageur, de la réouverture de seulement trois aéroports aux vols internationaux, de nouvelles conditions imposées aux transporteurs aériens pour lutter contre le trafic de ressources minières, comme l’or… Selon Aina Raveloson, présidente de la Confédération du tourisme et vice-présidente du Groupement des entreprises de Madagascar, ces mesures lourdes détournent les touristes, les relations d’affaires et les compagnies aériennes de la Grande Île. «On prend en otage 99% de l’économie pour essayer d’arrêter 1% de trafiquants. Aujourd’hui, nous sommes limités à deux ou trois compagnies aériennes.

Un boieng en plein décollage
Un boieng en plein décollage

Nous avions aussi espéré que dans le cadre de cette réouverture, les mesures sanitaires seraient allégées comme l’a fait le reste du monde. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui et ça, c’est vraiment un frein pour le développement économique».
D’après les opérateurs économiques, «la lutte contre les trafics de ressources minières devrait être assumée par les douanes et autres institutions étatiques et non par les compagnies aériennes». D’après Henry Lanto Rakotoarisoa, président du Groupement des entreprises franches et partenaires, «au-delà du secteur du tourisme, le manque de liaisons aériennes avec le reste du monde affecte la plupart des entreprises. Cette réouverture des frontières est une déception immense pour le secteur privé déjà exsangue».
Les entreprises franches qui opèrent, notamment, dans le textile destiné à de grandes marques, dans l’agroalimentaire ou encore dans des marchés de niche, comme la fabrication de prothèses dentaires, peinent à exporter leurs marchandises. Les opérateurs économiques demandent aux autorités de permettre aux compagnies aériennes, qui opéraient avant la pandémie, de desservir à nouveau Madagascar.
Pour Aina Raveloson, «les échanges avec le continent africain ont pris de plus en plus d’ampleur ces dernières années. On ne peut pas se permettre aujourd’hui de rester coupés de cette partie du monde».

Alain-Patrick MASSAMBA