Le ministre de l’Administration du territoire, Raymond Zéphirin Mboulou n’a pas perdu de temps. Suite à la crise au sein du Conseil départemental et municipal de Brazzaville, il a tout simplement suspendu le maire de la capitale, Christian Roger Okemba, désavoué par une partie de son Conseil départemental et municipal pour soupçons de malversations financières. Il a été démis, afin de «mener les investigations appropriées sur les irrégularités constatées dans la gestion administrative et financière de la commune», précise l’arrêté ministériel, signé le 28 février 2020.

Une première dans l’histoire de la municipalité de Brazzaville où un maire est déchu de ses fonctions suite à une pétition des élus locaux. Après la commune de Mossendjo, Les Conseils départementaux de la Cuvette et des Plateaux, à son tour celui de Brazzaville va passer au broyeur.
Longtemps étouffé, le malaise qui sévissait au sein du Conseil départemental et municipal de Brazzaville vient de se dévoiler au grand jour. Sinon, il n’y a pas de raison qu’il soit suspendu de ses fonctions. Cette décision a été prise à titre conservatoire. Le temps de mener, selon le ministre, «les investigations appropriées sur les irrégularités constatées dans la gestion administrative et financière de la commune».
Pendant la durée de la suspension, l’intéressé percevra l’intégralité de son salaire.
Le premier vice-président, premier adjoint au maire de la ville de Brazzaville, Guy Marius Okana, assurera l’intérim du président du Conseil, maire de la ville durant la période de suspension.
«A mi-parcours de sa mandature, son action est indéniablement nulle quasiment sur le terrain», avaient dénoncé les élus locaux dans leur pétition du 26 février 2020. portant 67 signatures de conseillers municipaux sur les 101 que compte le Conseil. Elle demandait à cet effet la destitution du maire de Brazzaville et le boycott de la session budgétaire ordinaire du conseil départemental et municipal de Brazzaville qui devrait avoir lieu le 27 février 2020.
Ces conseillers reprochent à Christian Roger Okemba sa «gabegie, une gestion opaque et non orthodoxe des finances de la mairie et le non-respect des décisions du Conseil.»
«Le président du Conseil départemental et municipal de Brazzaville a trahi la confiance des élus locaux en ce qui concerne la bonne gouvernance de la collectivité locale. Car, il ne s’est pas résolument préoccupé de la satisfaction des attentes des populations et a mis en péril les intérêts de la collectivité», ont-ils expliqué, tout en indiquant qu’il convient d’y mettre un terme pour sauvegarder les intérêts de la collectivité locale de Brazzaville.
Les élus locaux ont émis le vœu de terminer la moitié de la mandature du Conseil départemental et municipal de Brazzaville 2017-2022 «avec un autre président du Conseil, capable d’assurer une gestion efficiente des affaires locales de Brazzaville par des réalisations concrètes, en collégialité avec les autres membres du bureau exécutif, tout en respectant la volonté et les décisions des élus locaux».
Par conséquent, ils ont simplement retiré leur confiance au président actuel du Conseil.
Le ministre a aussi dans une lettre adressée au directeur général de la banque Sino-congolaise pour l’Afrique (BSCA), datée du 24 février, demandé le blocage d’un compte. En effet, par ordre de virement n°00180/20-BEAC du 17 février 2020, le directeur général du Trésor a ordonné au directeur général de la BEAC de virer la somme d’un milliard deux cent cinquante millions de francs Cfa au profit de la société AF-Nora.
Or, «Il se trouve que la ressource virée serait un appui budgétaire du Gouvernement au profit de la mairie de Brazzaville mais versée dans un compte d’une structure privée. Cette situation appelle des investigations des corps de contrôle de l’Etat. Une procédure est en cours en vue d’obtenir une ordonnance de saisie conservatoire des fonds…En attendant, je vous demande de vouloir bien procéder immédiatement au blocage du compte désigné pour éviter de causer d’éventuels préjudices à la mairie de Brazzaville», a écrit Raymond Zéphirin Mboulou.
Le maire Christian Roger Okemba semble avoir payé le prix de sa megestion tant décriée par les élus locaux. Mais dans les couloirs de la mairie, il se murmure que la mauvaise gestion ne serait pas à l’origine de la décision qui a frappé M. Okemba. Une lutte d’influence pourrait en être la raison profonde, La mairie est coutumière des nominations, et non des élections, des édiles.
Enseignant de sciences politiques à l’université publique de Brazzaville, M. Okemba, 60 ans, a été élu maire de Brazzaville en 2018. Il remplaçait à ce poste, Hugues Ngouélondélé, élevé aux fonctions de ministre des Sports.

KAUD