Depuis lundi 17 mai 2021, plus de 8000 Marocains ont traversé la frontière avec l’Europe pour arriver à Ceuta, l’enclave espagnole au Nord du pays provoquant un record en termes de flux migratoire. L’Espagne assure avoir renvoyé la moitié d’entre eux au Maroc et annonce l’envoi de nouveaux renforts des Forces de l’ordre sur place. L’arrivée massive de ses migrants intervient sur fond de crise diplomatique majeure entre les deux pays.
Plus de 2 000 enfants non accompagnés se trouvaient toujours sur place. Ces mineurs erraient dans les rues de la ville, à la surprise des habitants. Madrid a appelé l’armée en renfort mardi 18 mai dernier afin de tenter également d’empêcher ces milliers de migrants de pénétrer à nouveau sur ce territoire qui, depuis un quart de siècle, est le lieu de toutes sortes d’entrées illégales. Car jamais auparavant, on n’avait assisté à des arrivées aussi massives.
Selon la Croix-Rouge espagnole, «les migrants arrivaient sans cesse et depuis lundi l’afflux a continué. Il avait quelque peu diminué mardi, ils ont même arrêté de traverser, car l’armée est arrivée sur la plage. Maintenant, ils passent de nouveau, malgré la présence de l’armée et des autres forces de sécurité. Cette fois-ci, il y a beaucoup d’enfants, des mères avec leurs enfants. Ce qu’on voit depuis lundi est sans précédent. Sur la plage de Tarajal, où ces migrants arrivent à la nage, les forces de l’ordre espagnoles, qui ont déployé des blindés et utilisé des gaz lacrymogènes, ont mis en place un cordon de sécurité pour les empêcher d’aller plus loin que la rive. Ils les raccompagnent ensuite vers la clôture qui sépare l’Espagne du Maroc».
Des centaines de Marocains marchaient mardi dernier sous le regard attentif des militaires espagnols jusqu’au poste frontière. Munis d’un sac en plastique avec quelques vivres, ils regagnaient leur pays après avoir passé moins de 24 heures à Ceuta. Certains sont très jeunes, à peine 12 ans. Les autorités espagnoles parlent de 1 500 mineurs non accompagnés qui ont franchi la frontière illégalement. L’Espagne doit les prendre en charge comme le stipule la loi, mais les centres d’accueil sont pleins. Beaucoup d’entre eux ont donc passé la nuit à la belle étoile. Même si mardi soir il y a eu une manifestation pour dénoncer ce flux migratoire, qualifié par certains d’«invasion», beaucoup d’Espagnols se montrent solidaires. Et en particulier la population musulmane, qui représente 40% de la population de Ceuta.
La plupart sont Marocains, beaucoup sont jeunes, environ 60%, et 30% sont des mineurs. Et il y a environ 10% de familles, a indiqué l’Observatoire du Nord pour les droits de l’homme au Maroc. D’autres nationalités font partie de ces 8000 migrants. Certains arrivent d’Afrique Subsaharienne, d’autres du Yémen. S’agissant des Marocains, ce désir de fuir vers l’Europe, on le constate surtout dans les classes les plus défavorisées, mais aussi dans les classes moyennes. La crise de la COVID a accentué cette volonté de partir. Elle a aggravé la situation économique et sociale. La situation a obligé Pedro Sanchez, Premier ministre espagnol à se rendre mardi dernier. Il est allé rassurer une population inquiète en lui promettant de rétablir l’ordre au plus vite.
Aux dernières nouvelles, les trois quarts de ces migrants ont été renvoyés au Maroc.

A.-P. MASSAMBA