Pour justifier la fermeture de sa filiale Africanews basée à Pointe-Noire, le groupe de télévision Euronews évoque des difficultés financières. Non sans évoquer le non-respect par le Gouvernement congolais de ses engagements. Ce que dément la partie congolaise.

Les 4è et 5è étages de l’immeuble Lincoln sur l’Avenue Charles De Gaule sont déserts. De l’administration aux deux salles de rédaction (télé et Internet) en passant par la régie et les salles de production, aucun journaliste, aucun technicien, en tout cas, personne à Africanews ce matin du vendredi 31 juillet 2020.
A cette date, la chaîne de télévision a fermé officiellement ses portes à Pointe-Noire pour croit-on savoir, être relocalisée à Lyon, au siège de la maison mère Euronews. C’est le début de la mise au chômage pour plus de 70 agents issus de quelque 12 nationalités africaines.
Ils avaient été prévenus le 26 juin 2020 par le Président du Directoire d’Euronews. «Un chapitre d’Africanews est sur le point de se refermer. Il a démarré en avril 2016 avec le lancement à Pointe-Noire de cette chaîne d’information continue bilingue panafricaine. Plus de 70 personnes, techniciens, journalistes, administratifs, ont œuvré afin qu’Africanews trouve sa place dans le paysage médiatique continental», annonçait Michael Peters «par mail», selon un ancien agent.
Qu’est-ce qui a poussé la chaine panafricaine à fermer ses portes? La réponse est claire, du moins de l’avis de ses gestionnaires : ce sont les difficultés économiques et financières. «Pour autant, et comme cela fut annoncé en décembre 2019, le groupe Euronews ne pouvait plus porter seul l’avenir d’Africanews au Congo», avait expliqué M. Peters à ses employés, nous affirme l’un d’eux.
Il est clair que pour le patron d’Africanews, la situation procède du non-respect des engagements par différents partenaires, à plusieurs niveaux. Et parmi ces partenaires, le Congo-Brazzaville qui devait, entre autres, construire un immeuble à Brazzaville, assurer le loyer et abonder le fonds de roulement de l’entreprise.
Du côté de Brazzaville, la version est tout à fait différente. Plusieurs centaines de millions de FCFA avaient été mis à la disposition du projet et donc du management, dirigé par Euronews, déclarait en mi-juillet M. Thierry Lézin Moungalla, le ministre de la communication et porte-parole du Gouvernement congolais, lors d’un séjour de travail à Pointe-Noire.

Le Gouvernement attendu au tournant
C’est dire que les discussions engagées par les deux parties afin de repartir sur les nouvelles bases ont accouché d’une souris. Le renouvellement du partenariat n’a pas abouti à une gestion commune du projet, tel que le souhaitait la partie congolaise.
A en croire le ministre congolais de la Communication, on peut donc se rendre à l’évidence que le Gouvernement congolais n’a jamais porté un regard sur la gestion d’Africanews durant tous les cinq ans de «cette grande aventure à laquelle le Congo s’était associé avec enthousiasme». Quitte alors à prêter le flanc aux observateurs avertis, mais surtout aux ONG spécialisées dans la surveillance de la gouvernance.
En effet, comment peut-on comprendre que l’Etat congolais ait pu mettre des centaines de millions de FCFA dans ce projet, autrement dit donner beaucoup d’argent à des étrangers fussent-ils experts, sans s’impliquer dans la gestion ? Et les plus indignés pourraient chercher à comprendre comment ou pourquoi l’État ne met pas autant d’argent dans le fonctionnement des organes publics de presse. C’est le cas de l’hebdomadaire «La Nouvelle République» qui ne paraît plus depuis quelque 3 ans, ou encore l’Agence congolaise d’information (ACI) qui a toutes les peines à produire ses bulletins quotidiens, ou assurer sa présence sur le net.

Jean BANZOUZI-MALONGA