Tabu Ley et Kinshasa s’étaient réveillés, le samedi 1er décembre 2012, à l’occasion de la comméoration de ses 72 ans. L’artiste avait eu droit au Salon Congo du Grand Hôtel de Kinshasa à un concert mémorable qui avait vu monter sur scène tous les anciens de l’Afrisa. Il avait gardé pour eux une véritable reconnaissance, et ressenti profondément le besoin d’être entouré par ceux qui lui sont restés fidèles, depuis l’épreuve difficile qu’il traversait voici quatre ans. Il s’agissait de: Dino-Vangu (et Lo-Benel) en provenance de Paris, Guvano, Maika Munan qui vivent à Kinshasa, et Mekanisi Modéro, venu des Etats-Unis.
Mekanisi Modéro avait justifié son retour à Kinshasa après 24 ans d’absence: «Je suis venu à Kinshasa, répondre à l’invitation expresse de mon mentor Tabu-Ley Rochereau, étant donné ma confiance, et le rang prépondérant que j’occupais dans la hiérarchie de l’Afrisa International. Comme Tabu Ley ne peut monter sur scène de par son état de santé, et en raison de la manifestation «Honneur Ley», il était impérieux que je sois là pour matérialiser la force de l’Entreprise Afrisa International».
Tabu-Ley a longtemps été identifié, avait-il expliqué, «comme étant le monument de la musique congolaise. Il fallait que les instances supérieures de la nation puissent l’honorer de son vivant. Je suis content et chanceux d’être à Kinshasa au cours de cette cérémonie, et j’en garderai un bon souvenir toute ma vie».
La grande famille Tabu Ley avait fait salle comble pour un show exceptionnel. Enracinée dans la rumba originale, la musique de Tabu-Ley rappelle son ascendance par le répertoire qu’elle a choisi. Ces anciens coéquipiers jouent encore les merveilles de Tabu Ley, davantage pour répondre à l’attente de son public.
Ce jour mémorable, l’assistance avait vu évoluer outre les «Afrisiens» et Mbilia Bel, mais surtout les apparitions de cette grande famille Ley musicale: Fils, Filles, Petits et Petites filles. Démonstration en toutes circonstances, avec les voix les plus diverses. Ils chantaient des titres comme: «Mokaro», «Kiwele wele» par la fille, «Maze» par le fils, «Malory» , «L’Alabi» par la petite fille…
Entre Mbilia Bel et Tabu-Ley, tout était rentré dans l’ordre ce jour-là. Au cours de ce show, Mbilia Bel avait demandé publiquement pardon à Tabu-Ley pour son ingratitude envers son ancien maître et époux, et surtout pour l’avoir humilié au cours de la 2e édition du Fespam à Brazzaville, lorsqu’elle avait refusé sur scène de recevoir le bouquet de fleurs que lui avait offert Tabu Ley. Une fois encore la belle voix de Mbilia Bel avait vibré dans la salle. Une chanson spéciale avait été dédiée à Tabu Ley. Emu, Tabu Ley avait eu là l’occasion de tirer un trait sur tout ce qui s’était passé.
C’est sur de puissants applaudissements et à la grande satisfaction du public venu nombreux que s’était terminé ce show musical à l’honneur de Tabu Ley qui avait été élevé au rang de dignitaire de la République (chevalier du léopard), au cours d’une cérémonie, le mardi 14 novembre à la chancellerie des ordres nationaux. Bien que décédé en 2013 et inhumé à Kinshasa, l’artiste reste vivant parmi ses fans grâce à ses oeuvres riches et inépuisables!
Alain-Patrick MASSAMBA
(Sur les notes de Clément OSSINONDE)