Le collectif féminin, Les Mamans du Congo, dirigé par la chanteuse et percussionniste Gladys Samba, à l’occasion de la sortie de son album «Les Mamans du Congo & Rrobin» et du lancement de leur tournée des Instituts français d’Afrique freinée par la COVID-19, a organisé le 13 janvier 2021, une conférence de presse à l’Institut français du Congo (IFC), à Brazzaville. Cette rencontre a été rehaussée de la présence des responsables de cet institut, partenaire de première ligne: Michel pré, directeur, et Marie Audigier, directrice adjointe, et de quatre autres membres de ce groupe. Un concert à l’issue de leur résidence de création a été également livré dans la soirée du même jour.

Le quintette vocal féminin Les mamans du Congo a été créé en 2018 à l’initiative de l’IFC où a eu lieu leur premier concert le 8 mars de cette année, à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Dans ce projet où la danse fusionne avec les berceuses ancestrales Kongo, le groupe scande le quotidien des Congolais sur des rythmiques complexes jouées avec des ustensiles de cuisine (fourchettes, pilons, tintement d’assiettes) et du matériel de récupération. «Si la femme doit être assignée à la cuisine, elle fera de ses ustensiles des armes de résistance», a martelé la cheffe de ce groupe, Gladys Samba. C’est donc à l’aide de ses instruments que cette formation musicale s’exprime en plusieurs dialectes du Congo. «Je lance un appel à toutes les berceuses du Congo, qu’elles nous apportent des chants et nous interprèterons», a-t-elle dit.
Une année après, en 2019, ce groupe «afroféministe» rencontre le beatmaker et producteur français Rrobin, avec lequel il présente, à travers leur single «Boum», le premier extrait de leur album. Sur un son électronique, elles y invitent les femmes à s’émanciper du patriarcat et des contraintes familiales. Cet album dont les comptines, tantôt rappées, tantôt chantées en chœur mixé au studio de Jarring Effects, à Lyon (France) narre le quotidien des Congolaises. L’album a été matérialisé grâce à contrat signé entre l’IFC et la coopérative de Mai. «Nous revisitons le matrimoine de l’ancien royaume du Kongo (à cheval sur les territoires actuels des deux Congo, de l’Angola et du Gabon).Nous entendons bien préserver cet héritage culturel sur fond de modernité et d’émancipation», a déclaré Gladys Samba, avant de préciser que le groupe est ouvert à tous et constitue également un lieu de formation pour la jeunesse.
«Nous répétons souvent nos morceaux au bord de la rivière Djoué, à Brazzaville. Lieu où les mamans viennent laver leur linge et faire la vaisselle. Nous chantons pour donner force de courage dans leur labeur», a-t-elle affirmé.
Pour leur part, les responsables de l’IFC ont salué le travail original accompli par Gladys et ses collègues.
Pour la petite histoire, Gladys Samba a été élevée par sa tante après la mort de son père. Elle a travaillé dans les champs de manioc de son village dès son plus jeune âge.
De retour à Brazzaville, elle s’inscrit dans une école technique et obtient un diplôme en secrétariat. «Il fallait que je travaille, je ne pouvais pas baisser les bras», précisait-elle, qui a fini par décrocher le concours des Beaux-Arts de Brazzaville et enseigne l’Art plastique au Collège d’enseignement général (CEG) Angola libre, à Makélékélé, dans le 1er arrondissement de la capitale congolaise. Gladys est aussi présidente de l’association Femme du foyer et tient un restaurant. Elle apprend aux femmes de gérer un commerce ou une petite entreprise.
Dans sa carrière musicale, elle a été déjà lauréate du dispositif Visa pour la création de l’Institut français de Paris.

E.M.-O.