Le nouveau Président démocratiquement élu du Niger, Mohamed Bazoum, a été investi, vendredi 2 avril 2021 au Centre Mahatma Gandhi de Niamey. Son investiture est intervenue dans un contexte tendu due à la contestation de l’élection par l’opposition. Mais aussi, à la suite d’un coup d’Etat qui a échoué dans la nuit de mardi 30 à mercredi 31 mars, sans oublier les attaques terroristes meurtrières que le pays a connues ces derniers jours.

Pendant son investiture, Mohamed Bazoum a fustigé les «crimes de guerre commis dans son pays par Al-Qaida et l’Etat islamique au Grand Sahara, deux groupes dont il a jugé qu’ils menaient leurs attaques au Niger depuis des bases installées au Mali». De nombreux Chefs d’Etat africains ont pris part à cette cérémonie marquant le premier passage de relais entre deux présidents démocratiquement élus depuis l’indépendance du Niger, en 1960. Le Premier ministre algérien, lui aussi a fait le déplacement, ainsi que le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, représentant le Président Emmanuel Macron.
Dans son discours, le successeur de Mahamadou Issoufou a relevé que «le Niger est confronté à l’existence de groupes terroristes dont la barbarie vient de dépasser toutes les bornes. Des groupes qui se livrent à des massacres de civils innocents à grande échelle, commettant à l’occasion de vrais crimes de guerre». Et de poursuivre: «Les chefs de ces groupes relevaient d’autres pays, et que jamais aucun chef terroriste n’a fait cas de griefs contre son Etat, et encore moins formulé la moindre revendication en sa direction». Avant d’insister sur la situation sécuritaire dans la zone des trois frontières, entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Le Président Mohamed Bazoum a, affirmé que «les dirigeants de l’Etat islamique au grand Sahara étaient des ressortissants du Maghreb et le groupe avait ses bases en territoire malien, dans les régions de Ménaka et Gao. Le combat contre l’organisation sera très difficile aussi longtemps que l’Etat malien n’aura pas exercé la plénitude de sa souveraineté sur ces régions. La situation du Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays. C’est pourquoi notre agenda diplomatique sera centré sur le Mali», a-t-il déclaré.
Le Président Mohamed Bazoum devra gérer trois crises majeures. Il s’agit de la crise politique principalement, dans la mesure où le candidat de l’opposition à la présidentielle, Mahamane Ousmane, continue de proclamer sa victoire. Une situation qui pourrait empoisonner durablement la vie politique du pays. Le Niger a connu une flambée de violence ces dernières semaines. Plus de 200 civils ont été massacrés dans deux attaques terroristes dans les régions de Tillabéry et de Tahoua. C’est un défi majeur pour Mohamed Bazoum, l’architecte de la politique sécuritaire nigérienne sous la présidence de Mahamadou Issoufou. A cela, il faut ajouter la question militaire.
La tentative de coup d’Etat de mercredi 31 mars dernier a rappelé de vieux souvenirs. Car depuis son accession à l’indépendance, le Niger, pays situé en Afrique de l’Ouest, a déjà connu quatre putschs. Le dernier remonte à 2010, marquant la fin de l’ère Mahamadou Tandja.

Alain-Patrick
MASSAMBA