L’Eglise catholique et le gouvernement du Nigeria travaillent ensemble pour lutter contre des crimes tels que le viol et la traite des êtres humains. C’est ce qu’a affirmé la Conférence épiscopale régionale d’Afrique de l’Ouest (CERAO) après la visite le 13 juillet de la directrice générale de l’Agence nationale pour l’interdiction de la traite des personnes à Mgr Ignatius Kaigama, archevêque d’Abuja

L’Eglise et le gouvernement unis dans un même combat. Julie Okah-Donli, directrice générale de l’Agence nationale pour l’interdiction de la traite des personnes (Naptip), s’est rendu à Abuja, le 13 juillet dernier. «Le but de la visite, informe le site de la CERAO, était d’entamer une éventuelle collaboration entre l’État et l’Église pour travailler ensemble à la lutte contre le trafic et le viol».
Au Nigeria, en effet, les cas de violence sexuelle ont considérablement augmenté ces derniers mois, à tel point qu’entre janvier et mai, pas moins de 717 cas ont été enregistrés, dont certains ont entraîné la mort des victimes. La population est descendue dans la rue en signe de protestation, sous le hashtag We AreTired, «Nous sommes fatigués» pour demander justice et une action urgente contre ces crimes. Lors de la rencontre avec Julie Okah-Donli, l’archevêque a réitéré la volonté de l’Église de coopérer avec le gouvernement, en soulignant que «le viol n’est pas seulement un péché, mais un crime. L’Église catholique est prête à collaborer avec le Naptip pour éliminer cette menace».
Mgr Adewale Martins, archevêque de Lagos, condamne la culture du viol
C’est un combat mené par l’Eglise universelle. L’archevêque de Lagos a également rappelé que «dans la sphère internationale, l’Église catholique est déjà engagée dans la lutte contre ces crimes» et que, selon les directives du Pape François illustrées dans le Motu proprio Vos estis lux mundi, l’archidiocèse d’Abuja a lancé un programme de protection des mineurs et des personnes vulnérables. «Nous avons mis en place un comité spécial composé de prêtres, de personnel médical et juridique, et d’experts dans divers domaines, tous prêts à collaborer avec le Naptip pour combattre toute violation des droits de l’Homme», explique l’Eglise d’Abuja.
D’autre part, dès le mois de juin, Mgr Ignatius Kaigama avait condamné ces crimes, les qualifiant d’«atroces» et espérant des poursuites judiciaires contre les coupables. Le prélat avait notamment invité la population, en particulier les chrétiens, à «contribuer à la reconstruction d’un monde malade qui a perdu le sens du péché» et à «dénoncer tout comportement criminel». Il a été repris ces derniers jours par l’archevêque de Lagos, Mgr Adewale Martins, qui a décrit le viol comme «un mal intrinsèque qui porte atteinte à la dignité des victimes».
Fondée par le gouvernement fédéral du Nigeria en 2003, Naptip est une agence spécialisée dans la sécurité anti-traite, chargée de coordonner toutes les réglementations relatives à la traite des êtres humains. L’agence coopère avec d’autres services répressifs et avec les organisations et institutions concernées sur le terrain, en s’efforçant également de sensibiliser le public à ce sujet.

Gislain Wilfrid BOUMBA