Le Président Denis Sassou-Nguesso a entamé vendredi dernier un nouveau mandat de cinq ans. Dans son discours d’investiture, il a égrené les grands projets à réaliser au cours de ce quinquennat. Et parmi les grands problèmes, la question d’«anti-valeurs» a été évoquée. Le chef de l’Etat a une fois de plus condamné le phénomène, mais «le peuple» veut qu’il soit capable de signer, enfin, l’acte de décès d’impunité contre la délinquance économique et financière.

Depuis plusieurs années, le Chef de l’Etat appelle rituellement sans succès à éradiquer l’opacité, le clientélisme, le mauvais climat des affaires, l’immodestie de l’Etat et de ses serviteurs, le train de vie ostentatoire de celles et ceux que leur proximité avec le régime, notamment, a enrichi, le repli identitaire, etc. En 2014, faisant l’état de la nation, le Président Sassou-Nguesso était déjà monté au créneau dans un discours qui avait séduit plus d’un Congolais par sa virulence. Certains compatriotes n’en étaient pas revenus. Il avait même inspiré l’artiste-musicien Roga-Roga, auteur du titre ‘’Rupture’’. Espoir déçu !

Le plus dur commence
Le Président avait, peut-on dire, donné l’impression de continuer à caresser tout le monde dans le sens du poil, y compris les hommes et les femmes qui méritaient d’être châtiés à la hauteur de leurs forfaits. Cette fois encore, Denis Sassou-Nguesso promet de lier la parole à l’acte. L’on peut en déduire que c’est maintenant que le plus dur commence. En tout cas, le Président de la République sera jugé aux résultats. «Il est temps que cela cesse. Tout cela doit cesser !», martèle un acteur de la société civile. Le président a encore cinq ans pour corriger les ratés de ses mandats antérieurs. Et Dieu seul sait s’ils sont très nombreux.

Casting de raison
On reproche au Président Denis Sassou-Nguesso d’avoir toujours opéré des castings de sentiment, «puisque l’homme est fidèle en amitié». De ce point de vue, des copains de jeunesse, des «camarades de lutte» et amis recommandés par le cercle familial ont été appelés à ses côtés. La suite, on la connaît. Certains d’entre eux se sont laissés aller à des actes qui ont entaché fortement ses mandats. «Maintenant qu’il entend mener une lutte sans merci contre les ‘’antivaleurs’’, Sassou doit opérer un casting de raison, c’est-à-dire celui qui favorise l’efficacité et l’efficience même si, pour cela, il doit sacrifier ses vieilles connaissances et autres puissants ou intouchables coupables de comportements amoraux», relève un analyste politique. «Dans la même veine, il doit marquer de la distance vis-à-vis de tous les courtisans qui peuvent être tentés de le conduire sur le chemin périlleux du laxisme», poursuit-il.
Aujourd’hui, le Président Denis Sassou-Nguesso a encore l’opportunité de poser de grandes actions en faveur du Congo. Et ce ne sont pas les compétences qui manquent pour l’y accompagner. «Il a l’obligation morale et politique d’aller les chercher où qu’elles se trouvent. L’essentiel est qu’elles soient des Congolais. Leur coloration politique ne devrait pas être un obstacle à leur implication à la résolution des grandes équations qui se posent au pays», souffle la rue.
En tout cas, le président est prévenu. A lui de faire en sorte que le mandat qui commence soit celui de la vraie rupture. La lutte sera longue, mais il serait fondé de méditer cet aphorisme: «Là où le balai ne passe pas, la poussière ne s’en va pas d’elle-même». Menu fretin et gros poissons continuent de s’ébattre dans les eaux de la corruption qu’il a promis plusieurs fois de nettoyer.

Jean ZENGABIO