Nous jonglons avec le coronavirus. Masque de guingois, solutions hydroalcooliques en fantaisie, mains à laver quand on veut, bus bondés pourvu que le policier du carrefour soit occupé à chercher qui verbaliser entre ceux qui ne portent pas de masque et ceux qui ne portent pas de casque à moto, nous sommes des légalistes à géométrie variable.
Même sur nos routes, les thermo flashes contre lesquels nous pestions il y a peu à l’entrée et à la sortie de nos villes, aux aéroports, au Beach n’existent plus. Nous faisons tous, dirigeants comme dirigés, comme si le coronavirus n’était plus là ou qu’il avait perdu sa force à nous faire mal, ou à nous faire peur. Nous vivons dans un monde sans virus. Et les nouvelles comme la découverte d’un vaccin efficace à 90% ne nous incitera jamais à nous compter parmi les 10% réfractaires restants.
Pas nous, pas ici. Nous avons vu passer l’orage et toutes les mesures qu’on nous annonce, prolongement du couvre-feu, maintien des gestes barrières, ouvertures ou fermetures des marchés domaniaux : tout est fait pour nous pousser le moins possible à la prise de conscience. Nous nous comportons comme si la maladie avait disparu ou qu’elle va disparaître bientôt. Devant les caméras, nos politiques ne se serrent plus la main, certes, mais se heurtent les coudes ou les poings: est-ce plus sûr?
Ce journal le répétera toujours: nous sommes en face d’une maladie que nous connaissons peu. Ni ses modes de transmission, ni les raisons pour lesquelles une population peut être touchée plus qu’une autre. Nous parlons de maladie et seule la science devrait nous apporter la certitude absolue de notre immunité. Tant qu’elle ne le fera pas, comportons-nous comme si elle était toujours là. Et que tous nos sachants, qui prétendent soigner du coronavirus à l’envoûtement par les plantes, attendent un peu.

Albert S. MIANZOUKOUTA