A l’ouverture de la 2e session ordinaire dite administrative de l’Assemblée nationale le 1er février 2018 au palais des congrès, Isidore Mvouba, président de cette chambre, avait ordonné l’ouverture des enquêtes parlementaires sur les cas avérés de crimes économiques et de corruption.

Dans son allocution, Isidore Mvouba était revenu sur la question de la corruption qui gangrène le continent et le pays. «Le Congo est confronté à cette problématique depuis plusieurs années. Il s’agit d’un fléau engendré par la mauvaise gouvernance», avait-il précisé. «Les solutions palliatives mises en œuvre par le Gouvernement se sont toutes avérées inefficaces, à l’instar de la création des organes dédiés à ce problème comme la Commission nationale de la lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, le Commissariat national aux comptes, la Cour des comptes, les mécanismes de contrôle parlementaire de l’action gouvernementale».
Il avait estimé que «le phénomène a gagné en ampleur, avec des effets pervers et néfastes sur les finances publiques. Le Fonds monétaire international a recommandé des actions vigoureuses pour lutter contre la corruption et renforcer la bonne gouvernance», a-t-il indiqué, tout en citant les structures nationales et internationales qui ont épinglé le Congo sur la corruption.
Et de donner acte à la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, de l’époque, qui avait publié un rapport d’enquête dénonçant la mauvaise gestion des fonds publics dans les domaines de la santé, de l’éducation et du social. «La Commission a eu le courage de stigmatiser avec force la mauvaise gouvernance au niveau des entreprises stratégiques», a-t-il souligné.
Fort de ce rapport, Isidore Mvouba avait ordonné à la Commission économie, finances et contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale de se pencher sur les cas avérés, «soit pour interpeller les ministres de tutelle, soit pour ouvrir sans délai des enquêtes parlementaires», avait-il rappelé.
«Une telle action, pour être menée à bien, nécessite des prérequis: une adhésion des acteurs, des populations et des parlementaires à la lutte contre la corruption; un diagnostic informé sur la question, décrivant par le menu le phénomène; un renforcement des capacités des principaux acteurs de la lutte contre la corruption et une mise en place d’une stratégie à court, moyen et long terme de lutte contre la corruption, appuyée par un nouveau plan d’action plus cohérent et plus offensif», avait-il suggéré.
Depuis lors, aucune suite. Pas d’interpellation des ministres de tutelle, ni d’ouverture d’enquêtes parlementaires qui relèvent pourtant des prérogatives que lui confère la Constitution.
L’impression qui se dégage, c’est qu’au Congo, les actes ne suivent pas les paroles. Des cas avérés, pourtant dénoncés, restent impunis. La Haute autorité de lutte contre la corruption qui a pris le relais de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude se saisira-t-elle de ces dossiers? Surtout en ces temps de crise financière, économique et sanitaire qui sévit dans le pays?.

Cyr Armel YABBAT-NGO