Le Gouvernement vient de prendre des mesures que nous espérons efficaces contre l’arrivée possible du coronavirus. Nous avons l’habitude de chahuter chacune des initiatives qu’il prend, et, dans la rue, nous ne sommes pas loin de céder à la fatalité. Soit parce que nous croyons que si un premier cas s’est déjà déclaré chez nous, on nous l’aura forcément caché, soit parce que nous estimons que, de toute façon, ce qui devra arriver finira par arriver !
L’une et l’autre manières de penser se nourrissent des mille et une déconvenues subies, mais ce n’est pas pour cela que nous serions plus fondés à baisser les bras devant une épidémie qui s’annonce ravageuse. Elle exige notre coopération consciente et notre information sérieuse. Puiser à la source des ragots pour répandre des bruits sur une communauté qui aurait déjà ramené la maladie chez nous est tout simplement inqualifiable. Cacher la vérité et maquiller des chiffres et des données, c’est comme de vouloir emprisonner le piquant du piment dans sa pomme. Irresponsable!
Et puis, quand bien même cela serait ! Il nous faut regarder les choses en face: y a-t-il un seul pays autour de nous qui ait fait autre chose que nous à ses frontières? L’épidémie à coronavirus se joue des bordures de pays et incite à la coopération. Quelle que soit la précarité de nos moyens; quelle que soit notre propension à jongler avec les faits, cette épidémie nous force à la vérité et nous incite à ne désigner chat que ce qui a effectivement quatre pattes et des moustaches. Si la maladie devait devenir pandémique, elle devra compter avec des Congolais bien informés.
Dans tous les cas, nous ne sommes pas seuls. Un grand activisme de coopération internationale sur la maladie se met en place et commence à donner des résultats indiscutables. L’autre jour, remettant un lot de réactifs chimiques contre ce virus aux autorités sanitaires du Congo, M. Daniel Travis, le Chargé d’affaires américain, a eu les mots qui tiennent chaud au cœur. «Face à la menace mondiale que pose le coronavirus, nous sommes aux côtés du gouvernement et du peuple congolais pour les aider à se préparer.»
La solidarité s’active donc. Et ce que notre pays ne voudra ou ne saura faire sera complété par les liens de partenariat que nous entretenons avec bon nombre de pays plus avancés, et d’ailleurs pas pour cela épargnés par le virus. Mais leur expérience nous rassure ; leur générosité peut nous aider à rester sereins. La maladie est mondiale, les pruderies nationales et les micmacs de gêne et de honte patriotiques seront un non-sens. Quand nous affirmerons qu’aucun cas ne s’est déclaré chez nous, il devra en être vraiment ainsi!
Et quand, à Dieu ne plaise, nous serons conduits à affronter l’inéluctable, que ce constat-là soit aussi sérieux que dénué des pudeurs qui retarderaient l’éradication du mal. Donc nous ne sommes pas seuls, et nous devons coopérer à la volonté mondiale de juguler ce virus qui a fait irruption sur la scène internationale et menace même les fondements de l’économie mondiale.

Albert S. MIANZOUKOUTA