Le Forum des gens de lettres a tenu, jeudi 17 septembre dernier à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville, sous la conduite de Jessy Loemba son président, une rencontre littéraire autour de «L’appel du Ténéré», un recueil de poèmes de Lié Médard Ikounga, dit Kamb’ Ikounga, mort dans la désintégration de l’avion DC10-UTA, le 19 septembre 1989, au-dessus du désert du Ténéré, au Niger.

Ce livre édité après cette tragédie aux éditions Maguilen, à Dakar, au Sénégal, comporte 101 pages. L’unique ouvrage de Kamb’ Ikounga est «une somme poétique monumentale saluée par la critique littéraire…un poète à découvrir», selon les responsables du Forum. D’autant que Jean-Baptiste Tati Loutard, l’un des grands poètes congolais, disait de lui: ‘’Kamb’ Ikounga est, à coup sûr, l’un de nos grands poètes’’. C’est parce qu’on ne parle pas trop de cet auteur et parce que son œuvre n’est pas bien connue que nous avons jugé utile de le remettre au goût du jour», a indiqué le président du Forum des gens de lettres. La rencontre littéraire a réuni le gotha et les férus de la littérature.
‘’L’appel du Ténéré’’, «c’est le titre que l’auteur, de son vivant, a donné à son livre. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui l’a fait…’’L’appel du Ténéré’’, c’est ainsi que Kamb’ Ikounga a appelé son livre», explique Martial De Paul Ikounga, oncle du regretté poète. Une sorte de prémonition sur la fatalité qui allait s’abattre sur lui.
A l’effet de cette rencontre littéraire, plusieurs thèmes ont été animés par les critiques et hommes de lettres: «L’appel du Ténéré de Kamb’ Ikounga: un affleurement de soi pour un amoncèlement d’étoiles», par Rosin Loemba; «Kamb’ Ikounga, le poète de la passion tragique», par Jessy Loemba; «Kamb’ Ikounga, le poète voyant», développé par Huppert Malanda. A cela s’ajoutent les échanges entre conférenciers et participants ainsi que les témoignages des parents sur l’ambiguïté du poète Lié Médard Ikounga.
Ainsi, les intervenants ont chacun abordé un pan du caractère singulier de la poésie de Kamb’ Ikounga. Pour Rosin Loemba, «dans l’écriture de Kamb’ Ikounga, l’élément fondamental qui l’anime, de façon obsédante, c’est surtout la mort.» La prémonition sur la mort tragique de l’auteur se justifie par cet extrait du livre: «Des enfants, comme des pigeons entre deux villes, entre deux temps se laissent attraper lourds et las. Ils portent des plombs dans les ailes dans la cervelle, des magnétites désénergisées. Ils ne pleurent plus, ils regardent là-bas, les messages qu’ils ne transmettront jamais…».
Si d’ordinaire, on ne voit en Kamb’ Ikounga qu’un prophète visionnaire de sa propre mort, Jessy Loemba, pour sa part, estime qu’en lisant sa poésie, il a décelé un cri du cœur, «un chagrin de l’auteur qui n’a pas connu son père, décédé bien avant sa naissance. Sa poésie s’inscrit aussi dans la recherche d’un père qu’il n’a pas connu…»
Et pour Huppert Malanda, quoique le destin de ce poète ait permis de ne léguer à la postérité qu’un seul texte, «L’appel du Ténéré, est une œuvre poétique des plus brillantes, des plus tonitruantes, dont le lyrisme rayonne sur les cimes de la littérature congolaise, de la littérature africaine, de la littérature francophone. Un livre majeur, nourrit de toutes les turbulences de sa vie».
Le livre est vendu à 10.000 CFA.

Marcellin MOUZITA.