Déclarant que la justice sociale sera la priorité des priorités de son mandat, le nouveau Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Gilbert Houngbo, prendra ses fonctions le 1er octobre 2022. Actuellement président du Fonds international de développement agricole (FIDA), il a été élu à la tête de l’OIT le 25 mars 2022 par les membres du Conseil d’administration représentant les 187 pays membres et les organisations d’employeurs et d’employés.

A 61 ans, l’ancien Premier ministre togolais devient le premier Africain à exercer cette fonction depuis la création de l’institution spécialisée de l’ONU il y a 103 ans. Soutenu par son continent l’Afrique, Gilbert Houngbo est conscient que son élection démontre que «les Africains sont de plus en plus prêts à jouer un rôle plus déterminant sur la scène internationale, dans un monde aujourd’hui plus globalisé».
Pour sa prise de fonction début octobre prochain, le 11ème président de l’OIT entend faire de la justice sociale la priorité des priorités de son mandat, comme il l’a indiqué dans sa candidature.
«Au niveau de la justice sociale nous battons de l’aile. De plus en plus les richesses sont accaparées par les pays les plus riches; les inégalités augmentent. Les transformations des emplois se créent dans le domaine technologique mais en même temps ces transformations technologiques et écologiques entraînent beaucoup de perte d’emploi notamment au niveau de la jeunesse», fait remarquer le nouveau patron de l’OIT. Il souligne en outre que «la pandémie de COVID-19 a rappelé combien nos communautés vivent dans des conditions très précaires sans protection sociale». Le nouveau Directeur général de l’OIT estime, «qu’il nous faut avancer au niveau de la justice sociale».
Gilbert Houngbo «pense beaucoup à l’universalisation de la protection sociale». «Même si cela sera très difficile». Le Directeur général de l’OIT «compte se battre pour que chaque famille puisse bénéficier d’un minimum de protection sociale».
L’emploi des jeunes, le travail des enfants, «le toilettage» de l’OIT à travers la mise à jour des besoins de la gestion du 21è siècle, la réponse aux conséquences socio-économiques de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine constituent les autres priorités du nouveau Directeur général de l’OIT. Il est également favorable à la question des chaînes d’approvisionnements qui selon lui ont un potentiel économique très fort mais comportent malheureusement des pratiques parfois répréhensibles en matière de protection des droits des travailleurs, de la dignité humaine et des droits humains.
Aussi, l’adaptation de l’organisation à un marché de travail en pleine mutation sous l’effet des nouvelles technologies fera-t-elle partie des défis à relever. Sur la question de la demande et de l’offre d’emploi, en prenant l’exemple de l’Afrique, le numéro un de l’OIT souligne que des données statistiques de l’organisation indiquent qu’environ 13 millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché de l’emploi au niveau du continent africain.
A ses yeux, l’écart entre la demande de l’offre d’emploi reste une question très préoccupante. Il estime qu’il est nécessaire de créer les conditions qui puissent permettre aux secteurs public et privé de créer des emplois et en même temps avoir l’opportunité de s’assurer que les conditions sont propices pour des emplois «décents plutôt que de créer des travailleurs pauvres».
Le Togolais prend ainsi les rênes de cette organisation fondée en 1919, la plus ancienne agence spécialisée des Nations unies. Elle a pour mandat de promouvoir et faire appliquer les normes du travail, ainsi que les principes et droits fondamentaux au travail, d’étendre le bénéfice et l’efficacité de protection sociale pour tous.

Aristide Ghislain NGOUMA