Makabus : porté disparu ? Gravement malade ? En état de détresse ? Pendant environ deux années, le milieu du sport a été incapable de déterminer si cet esthète de la photo de sport était décédé ou toujours en vie. Puis, le 9 avril dernier, il a fait irruption dans la salle de rédaction de ‘’La Semaine Africaine’’.
Nous étions heureux de retrouver ce vieux compagnon de notre journal. Agé de 73 ans aujourd’hui, ancêtre des photographes de sport encore en activité, Victor Makabus (Victor Miakaba, à l’état-civil) a arpenté inlassablement les stades avec une passion et un professionnalisme intact. Souvent en costume-cravate, sac en bandoulière, appareil photo autour du cou. Il ne s’est brusquement éloigné des terrains que parce que des problèmes de santé l’en empêchaient.
Victor Makabus a marqué l’histoire. Un jour de réception des Diables-Rouges au palais du peuple, le Président de la République Denis Sassou-Nguesso, surpris de le revoir au milieu des jeunes, avait marqué de l’estime pour lui. «Makabus ! As-tu encore l’œil ?». Un compliment sincère.
Makabus a été à l’école de Dekoum, son mentor, à Moungali (Brazzaville). Mais il a commencé à suivre les footballeurs sur les conseils d’un autre photographe célèbre à l’époque, Alphonse Kina. «Ma première photo de sport», nous a-t-il rappelé, «je l’ai réalisée au stade Eboué, et publié dans La Semaine Africaine». C’est à la suite de cette photo qu’il deviendra le photographe attitré du journal. Jusqu’au moment où le rédacteur des pages sportives de l’époque (feu Fulbert Kimina-Makumbu), «doté d’un appareil de photographie, s’est lancé lui-même dans la photo», s’est-il souvenu.
Makabus a contribué à l’immortalisation des vedettes et a écrit, en quelque sorte, des pans inoubliables de l’histoire du football congolais. Les plus belles photos de ‘’Jadot’’, ‘’Mulélé’’, Mbono ‘’Sorcier’’, Mbemba ‘’Tostao’’, Moukila ‘’Sayal’’, etc., et celle de feu le Président Marien Ngouabi, son pied sur un ballon au Stade d‘Ornano, il les avait reproduites à des dizaines d’exemplaires. «Les férus de football se les arrachaient comme des petits pains», affirme-t-il.
Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’artiste n’a jamais reçu une distinction honorifique de la part des gouvernants congolais. Et chose étonnante, lui-même ne s’en offusque pas.
Devenu sur le tard agent de la Caisse de retraite des fonctionnaires, son dossier de mise en retraite traîne. Cela entraîne des retards dans le versement de sa pension. Sa maladie peut expliquer sa lenteur dans la constitution de ce dossier. Néanmoins, il espère que son administration fera diligence. Alors, courage, Makabus !

G.-S.M.

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