Les 17 et 21 mars prochains, les Congolais sont appelés aux urnes pour élire l’homme qui va présider aux destinées du Congo pour les cinq prochaines années. Sept candidats, sept chances égales?La Cour constitutionnelle a publié la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle le 17 février dernier. Sept candidats sur huit ont été retenus.

• Il s’agit de Denis Sassou-Nguesso, Président de la République sortant et candidat à sa propre succession. Né en 1943 à Edou, département de la Cuvette, il est Chef de l’Etat de 1979 à 1992, puis depuis 1997. Militaire de carrière, Denis Sassou-Ngueso est depuis mars 1979, président du comité central du Parti congolais du travail (PCT), dont il est membre fondateur.
Les grands bouleversements internationaux du début de 1990 suscitent un certain activisme dans le microcosme politique et une grande attente dans l’opinion nationale. En juillet, le comité central du PCT décide de la séparation du parti et de l’État, définit le multipartisme comme un objectif à atteindre après une phase de transition et accorde une plus grande liberté aux citoyens dans la vie quotidienne.

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Guy Brice Parfait Kolélas

Le congrès extraordinaire du PCT de décembre 1990, met fin officiellement à la primauté du parti sur l’État et abandonne le marxisme-léninisme comme idéologie. Les élections locales et législatives de 1992 relèguent le PCT au rang de troisième force politique du pays, derrière l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) de Pascal Lissouba et le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) de Bernard Kolélas.
À l’élection présidentielle d’août 1992, Sassou-Nguesso obtient 16,87 % des voix, et arrive en troisième position. Revenu au pouvoir en 1997, après la guerre civile qu’a connu le pays, il se présente à l’élection présidentielle de 2002 qu’il remporte avec 89 ,41%, tout comme celles de 2009 (78,61%), et 2016 (60,19%). Il entend poursuivre la mise en œuvre de son projet de société intitulé: «La marche vers le développement: allons plus loin ensemble».
• Face à lui, Guy Brice Parfait Kolélas, 61 ans, économiste. Il est le principal concurrent à l’actuel Président de la République dont il était le directeur de campagne adjoint en 2009.
Plusieurs fois enseignant dans le supérieur en France, il a fait valoir ses droits à la retraite au Congo en 2018 (Ministère de l’administration du territoire, avec pour administration d’attachement la Mairie Centrale de Brazzaville).
De 2008 à 2009, il est ministre de la Pêche maritime et continentale chargé de l’aquaculture, puis ministre de la Fonction publique et de la réforme de l’État du 15 septembre 2009 au 10 août 2015.

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Joseph Kignoumbi Kia Mboungou

En 2015, encore ministre, il s’oppose au changement de la Constitution de 2002 et contre l’organisation du référendum constitutionnel qui actait la candidature à un troisième mandat du Président de la République sortant, Denis Sassou-Nguesso.
Candidat à l’élection présidentielle, scrutin anticipé du 20 mars 2016, il est arrivé en deuxième position avec 15,05% des voix. Après avoir été en 1989 parmi les premiers militants du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), le parti fondé par son père Bernard Kolélas, il devient membre (2006-2008) puis coordonnateur du bureau exécutif national du parti (2008-2012), avant d’en devenir le secrétaire général de 2012 à décembre 2015 date de son éviction.
En 2016, il crée son propre parti politique, l’Union des Démocrates Humanistes-YUKI (en sigle UDH-YUKI). Depuis 2009, il est l’élu de la circonscription électorale du district de Kinkala (département du Pool). Le 1er février 2021, il a été investi candidat à l’élection présidentielle par son parti politique.
• Mathias Dzon, 74 ans, est né à Ingouelé, département des Plateaux. Président de l’Union patriotique pour le renouveau national (UPRN), parti situé à l’opposition, affronte aux urnes pour la première fois le président sortant. Farouche opposant, il était ministre des Finances de 1997 jusqu’à son éviction du Gouvernement en 2002. Ancien directeur de la Banque internationale du Congo (BIDC) et directeur national de la BEAC jusqu’en 2007, il est le président de l’ARD (Alliances pour la République et la Démocratie) et du Collectif des partis de l’opposition congolaise (CPOC).
Economiste de formation, Mathias Dzon était candidat à la présidentielle en 2009, puis s’était retiré à la dernière minute, alors que ses bulletins étaient déjà imprimés. Il avait obtenu 2,30% des voix. Il a toujours boycotté les différentes consultations politiques organisées dans le pays. Tout comme, il s’était opposé au changement de la Constitution de 2002 et ne s’était pas présenté à la présidentielle de 2016, ni aux législatives organisées la même année. De 1992-2002, il était député de Gamboma.
• Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, 68 ans, est né à Pointe-Noire, le 10 octobre 1952. Economiste, il s’est présenté aux élections présidentielles de 2002 et 2009, où il reçut 2,76 % et 7,46 % des voix. D’abord en indépendant, puis président de La Chaîne, le parti politique qu’il a créé, après son départ de l’UPADS.
Député de Sibiti (Lékoumou) et deuxième secrétaire de l’Assemblée nationale, il est à nouveau candidat en 2016, où il est battu dès le premier tour. Le candidat Kignoumbi se propose de relever plusieurs défis. Il s’agit notamment de rassembler au-delà des appartenances politiques et ethniques, construire un Etat véritablement démocratique. Il entend également lutter pour une meilleure gestion et une réelle distribution de la richesse nationale; faire respecter le bien public ; lutter contre le chômage chaotique des jeunes; diversifier les pôles de croissance économiques pour sortir du tout pétrole.
. Le colonel à la retraite, Albert Oniangué, 67 ans, est ancien enfant de troupe et officier du génie militaire. Pasteur évangélique et ancien aide de camp des Présidents Jacques Joachim Yhombi Opango et Denis Sassou-Nguesso, sa candidature n’est portée par aucun parti. C’est en indépendant qu’il se présente à cette échéance majeure. Il a décidé de briguer la Magistrature suprême avec une seule ambition: apporter au pays un souffle nouveau, une énergie nécessaire à son redressement et des solutions à la crise profonde qu’il traverse. Le candidat a fait le serment de se mettre au service de tous pour redonner à chacune et à chacun la fierté d’être congolais. «Ma candidature s’inscrit dans la perspective du redressement de notre pays en privilégiant le rétablissement de l’ordre moral et en mettant en place un nouveau contrat social fondé sur la justice et l’équité mais aussi sur la confiance entre un Etat responsable et un peuple déterminé à rebâtir une grande nation». Son projet est baptisé: «Ensemble tout est possible».
• Anguios Nganguia-Engambé, 59 ans, inspecteur des douanes, est né à Abala, département des Plateaux, le 5 janvier 1962. Depuis 2009, il est candidat aux élections présidentielles sans avoir dépasser la barre de 1% des suffrages exprimées: (0,30% en 2009, par exemple). Président du Parti pour l’Action et la République Mâ (PAR), il est membre de l’opposition politique congolaise. Anguios Nganguia-Engambé a participé au dialogue national sans exclusive de Sibiti. Il était membre de la Commission des réformes institutionnelles. Son projet de société s’intitule: «Le moment est venu pour gouverner ensemble». Il a promis de mener une lutte sans merci contre la corruption, l’impunité et les antivaleurs.
• Uphrem Dave Mafoula, 38 ans, est le plus jeune des candidats. Economiste, il est président du Parti Les Souverainistes. C’est la première fois qu’il se présente à une élection majeure. Ambitieux, il a sollicité un débat entre les différents candidats pour confronter les idées et les projets. En 2017, il était candidat aux élections législatives
Son projet de société, «Le contrat présidentiel», est porté par l’ambition, selon lui, «de transformer le Congo afin de lui redonner son unité, sa fierté, sa force et son équilibre économique et social. C’est un programme audacieux qui vise à établir un cadre plus propice permettant à chaque compétence congolaise, à chaque talent congolais de s’exprimer et d’être le champion de son domaine. Il propose le primat de l’économie sur la politique, l’indépendance de la Justice, s’articule autour de l’équilibre des ménages, des entreprises et de l’Etat, pour le bien-être de l’ensemble de nos compatriotes y compris ceux résidant en dehors du territoire national».

Cyr Armel YABBAT-NGO