Ainsi donc, comme les mousquetaires d’Alexandre Dumas, ils seront sept ! Ils seront sept candidats pour la présidentielle du 21 mars prochain. Le Conseil constitutionnel n’a écarté qu’un candidat sur les 8 qui avaient manifesté leur désir à prendre part à la course. Les sept sont censés avoir satisfait aux différentes conditions, dont une caution de 25 millions de francs non remboursables, un certificat médical et un certificat de moralité fiscale pour venir à notre assaut pour que nous choisissions l’un d’eux comme notre prochain président de la République.
Les différents départements se sont prononcés, et le Pool l’a fait samedi dernier à Kinkala: le favori des candidats, c’est le président actuel. Lui seul, ont-ils dit, connaîtrait suffisamment les rouages de la vie nationale et les différents candidats pour continuer à assurer une vie sans secousse au Congo, en lui apportant un soutien financier s’évaluant à plusieurs millions de francs. L’opinion est d’avance convaincue qu’il n’y a pas d’enjeu; il n’y aura pas match. Denis Sassou-N’Guesso est le vainqueur programmé !
Inutile de perdre le temps à chercher à savoir si cette victoire sera obtenue à la loyale. Dans notre agir et notre sentir congolais, nous minimisons les chemins de traverse par lesquels passe un candidat vainqueur et ne voir que l’avenir immédiat. Le pays attend que tout cela se passe et qu’il renoue avec la vie de tous les jours faits des nombreux défis à surmonter : les bidons jaunes pour l’eau qui ne coule plus dans les robinets, les groupes électrogènes cracheurs de fumées pour avoir une électricité un tant soit peu stable…
Puis la débrouille pour palier ce qui n’est plus : une santé assurée en qualité, des pensions qui ne tombent plus que de loin en loin, des bourses pour les étudiants qui ne sont attendues que lorsqu’elles arrivent, et un ressenti des mille et une difficultés dont on ne sait plus si le FMI pourra un jour nous aider à y mettre fin. Nous vivons d’espérances et de prières en une vie de miracles. Dans ce contexte, qu’ils soient sept ou huit, nos candidats ne pourront pas transformer du jour au lendemain notre vécu qui n’a presque plus de responsable unique désigné.
Nous irons aux élections le 21 mars. Nous aurons satisfait aux formalités retenues par les standards internationaux de démocratie. Nous aurons coché les cases des exigences de la communauté internationale, même si les ventres de la communauté nationale resteront vides. Même si les enfants de cette communauté nationale arrivent à 40 ans et «s’amusent» à transformer leurs diplômes inutiles en cornets d’arachide, tellement le travail manque et que même les jeunes formés versent dans l’informel.

Albert S. MIANZOUKOUTA