Le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege s’est exprimé récemment sur les crimes commis à l’Est de la RDC, et pour lesquels la justice tarde à trancher. Il manifeste son impatience face aux lenteurs dans la mise en place d’un mécanisme de justice transitionnelle.
Cette justice est destinée à réparer les torts contre les victimes des crimes les plus graves commis depuis plus de deux décennies dans les provinces de l’Est de son pays, dans le Kivu, au Kasaï ou au Tanganyika. «Le temps est venu de traduire les paroles en actions. Où en est le projet?», s’interroge-t-il.
En août 2020, il y a eu une grande lueur d’espoir pour les organisations de la société civile. Félix Tshisekedi avait demandé au gouvernement de réfléchir sur la mise en place d’un mécanisme de justice transitionnelle. Le Président de la RDC avait sollicité et obtenu de l’aide du Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies. Le Dr Mukwege refait régulièrement pression, comme en septembre face au Parlement européen, ou plus récemment son plaidoyer pour stratégie nationale de justice transitionnelle.
Les lignes n’ont presque pas bougé, mais Salomé Ekila, porte-parole du docteur Mukwege reste optimiste: «On sent que ça peine à avancer. Il était prévu qu’il y ait des états généraux sur la justice transitionnelle cet été, on ne les a pas vus, mais nous en tout cas on continuera, quoiqu’il arrive. On ne lâchera pas l’affaire. Il y a peut-être une compréhension assez faible, de manière générale de ce qu’est la justice transitionnelle; c’est vrai que c’est complexe, ce sont des mécanismes judiciaires… qui permettent de soigner une nation, de poursuivre les auteurs, mais également lancer des commissions justice-vérité et réconciliation; ce sont aussi les réparations, les garanties de non répétition avec les lieux de mémoire».
Dans la même perspective, la désignation d’un ex-rebelle pro-rwandais, Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi, à la tête d’un programme de désarmement et de démobilisation des membres des groupes armés sévissant en République Démocratique du Congo a provoqué de vives réactions de la part de la société civile et du gynécologue Denis Mukwege.

G. D’A.