L’ancien président a signé dimanche 23 février 2025 une tribune dans un journal sud-africain, le Sunday Times, qui marque son retour dans le jeu politique congolais. Installé en Afrique australe, il était resté silencieux depuis son départ de la présidence en 2019.
D’après Joseph Kabila Kabange, «la solution pour mettre fin au conflit dans l’Est de la RD Congo n’est pas militaire. Ni l’envoi de troupes ou d’équipements supplémentaires en soutien à l’armée congolaise ne pourront résoudre la crise». Pour lui, «les racines de la crise sont à la fois politiques, sociales et institutionnelles». Une crise qui trouve son origine dans la rupture du processus politique en 2021, quand le clan Kabila s’est vu exclure des instances de pouvoir par l’actuel président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Sous l’impulsion du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, l’organisme régional SADC avait envoyé en 2024 des troupes en RD Congo avec un mandat offensif pour empêcher le M23, soutenu par le Rwanda de poursuivre sa progression. Des troupes qui sont encore aujourd’hui à Goma, la capitale du Nord-Kivu, l’une des principales villes de l’Est de la RD Congo, où ce mouvement s’est installé fin janvier.
Joseph Kabila Kabange a insisté sur le fait que «les griefs du peuple congolais doivent être pris en compte. La RD Congo est au bord de l’implosion, avec une situation sécuritaire délétère». Aussi, accuse-t-il son successeur, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, d’avoir instauré un régime qu’il qualifie de «tyrannique». Caractérisé par «les intimidations, arrestations arbitraires, exécutions sommaires et extrajudiciaires, la répression de l’opposition, la censure des médias ainsi que l’exil forcé de nombreux opposants, de journalistes et de leaders d’opinion, y compris des chefs religieux». Il affirme que d’innombrables violations de la Constitution et des droits de l’homme ne cesseront pas même après l’aboutissement des négociations entre la RD Congo et le Rwanda ou la défaite militaire du M23.
Les relations entre le chef de l’Etat actuel et son successeur sont tendues. Le 13 février, à Munich en Allemagne, une fois de plus, Félix Tshisekedi avait accusé Joseph Kabila d’être derrière l’opposition armée, ce que les proches de celui-ci ont toujours nié. Par cette réaction, l’ancien président de la République signe son retour sur la scène politique avec des revendications non encore clairement explicites. La question reste: va-t-il se représenter aux prochaines élections présidentielles contre Tshisekedi?
A.-P. MASSAMBA