Les soldats de la MONUSCO ont tiré et tué au moins trois personnes dimanche 31 juillet dernier, dans le territoire de Beni au Nord-Kivu. Ils ont tiré sur des personnes présentes au poste-frontière de Kasindi, entre la RDC et l’Ouganda, faisant en plus de trois morts, quinze blessés. Des militaires de la brigade d’intervention de la Monusco, de retour de congés, ont forcé le passage en tirant en direction des personnes présentes sur les lieux. Selon la société civile et une troisième personne est morte suite à ces blessures à l’hôpital.
Difficile de comprendre avec exactitude ce qui a pu se passer dans la tête des tireurs. Mais ce dramatique incident survient dans un contexte extrêmement tendu. Les manifestations se sont multipliées ces derniers jours à Beni, Goma, Butembo et d’autres localités, pour réclamer le départ de la Monusco. Durant ces manifestations, 19 personnes ont trouvé la mort.
L’incident dramatique a rapidement suscité colère et incompréhension au sein de la société civile de Kasindi. «Nous regrettons d’avoir vu pareil comportement se produire par les agents censés maintenir l’ordre et censés protéger les civils», réagit Joseph Kitausa, l’un de ses responsables.
La Mission de l’ONU en RDC a rapidement réagi à ce qu’elle qualifie d’«incident grave». Dans un communiqué, Bintou Keita, sa cheffe, s’est dite «profondément choquée et consternée». La Monusco juge «inqualifiable et irresponsable» le comportement de ses militaires qui ont fait feu. Elle annonce que «les auteurs de la fusillade ont été identifiés et mis aux arrêts en attendant les conclusions de l’enquête» qui, précise le communiqué, «a d’ores et déjà commencé avec les autorités congolaises».
«Nous sommes extrêmement choqués et consternés par cet incident grave qui ne vient que raviver ces tensions déjà existantes…Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, avec les autorités congolaises, pour tirer au clair cette affaire», indique Kassim Diagne, le représentant spécial adjoint pour la protection et les opérations au sein de la Mission de l’ONU.
La mission assure en outre que «des contacts ont été établis avec le pays d’origine de ces militaires pour qu’une procédure judiciaire soit initiée urgemment afin que des sanctions exemplaires soient prises dans les meilleurs délais».
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a quant à lui souligné «avec la plus grande fermeté» la nécessité d’établir la responsabilité de ces événements. Il a par ailleurs approuvé «la mise en détention du personnel militaire mis en cause dans cet incident et l’ouverture immédiate d’une enquête», précise un communiqué.
Par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, le gouvernement congolais «condamne et déplore vigoureusement cet incident malheureux».

Gaule D’AMBERT