La Lucha l’appelle la «Fatshimétrie». C’est l’indice de mesure de l’action du président Félix Tshisekedi, lancé par ce mouvement citoyen, peu après l’investiture d’Antoine Félix Tshisekedi à la tête de la République Démocratique du Congo. Dans son rapport sur cette première année de présidence, le mouvement citoyen a dressé un bilan globalement négatif de l’action du nouveau chef de l’Etat. Que ce soit sur le plan des droits humains, sociaux, économiques ou encore sécuritaires, une opinion estime qu’il reste beaucoup à faire pour sortir le pays de l’état dans lequel il se trouve.

A entendre certains citoyens de la capitale Kinshasa, les plus grands échecs de Félix Tshisekedi se trouveraient dans «l’absence de perspectives de réformes structurelles profondes» pour instaurer l’État de droit et la démocratie. Sur le plan politique, certains Congolais notent que la coalition entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila n’aide pas le pays. Ils appellent ainsi le nouveau chef de l’Etat à s’émanciper du «deal qui l’engloutit dans une léthargie d’incapacité».
Le mouvement la Lucha critique aussi les multiples voyages du président Félix Tshisekedi et lui demande de s’intéresser davantage aux problèmes de fond. Elle lui suggère d’initier rapidement la réforme de la Constitution, de la loi et de la Commission électorale ainsi que de la justice, en vue de renforcer la démocratie participative et la transparence.
Sur le plan sécuritaire, elle souhaite aussi que les officiers accusés de crimes et sanctionnés par l’ONU soient poursuivis.
Le mouvement citoyen reconnait cependant quelques actions concrètes de la part du nouveau pouvoir. Notamment «la relative réouverture de l’espace civique, le début de la gratuité de l’enseignement primaire, et les efforts pour mettre fin à l’isolement diplomatique» du pays. Quoiqu’il en soit, la Lucha note tout de même que douze mois, c’est «très peu» pour «changer» le Congo, mais que c’est «beaucoup» à l’échelle «d’un mandat et de l’urgence de relever» le pays.
Aux problèmes qui sapent la mandature de Tshisekedi s’ajoutent : la guerre à l’est de de ce pays, qui continue à faire beaucoup de victimes. Malgré le renforcement des effectifs des FARDC (forces armées de la RDC), les populations vivent toujours avec la peur au ventre. Ne sachant pas qui des ADF Nalu, ou des rebelles rwandais feront à tout moment irruption.
Les signes de tension se multiplient au sein de la coalition gouvernementale entre les ministres proches du président Tshisekedi et ceux de Joseph Kabila, entre les présidents des chambres et le chef de l’État.
Pour Corneille Mulumba, l’un des co-fondateurs de l’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, la faute n’est pas que du côté du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition pro-Kabila. Il appelle le président Tshisekedi à s’appuyer sur son parti mais, surtout, à s’engager dans de vraies réformes.
L’UDPS est quasi inexistant sur la scène politique aujourd’hui. Le parti qui a mené 40 années de combats et qui devrait donc apporter le plus au sein de cette coalition, est sans voix et sans initiative inspirée.

Gaule D’AMBERT