Lors de leur récent sommet extraordinaire en visioconférence sous l’égide du Sud-africain Cyril Ramaphosa, son Président en exercice, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) ont indiqué que si la crise politique persiste en RD Congo, le Président Félix Tshisekedi n’assumera pas la présidence de l’organisation l’an prochain comme cela est prévu. Ce sommet s’est particulièrement prononcé sur l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), dès le 1er janvier 2021.

Au cours de ce sommet tenu le week-end écoulé, plusieurs chefs d’Etat ont demandé à leur homologue de la RD Congo, de respecter les clauses de l’accord signé avec son prédécesseur, Joseph Kabila, et de dialoguer avec lui pour dissiper les désaccords sur des sujets sensibles qui les divisent au niveau de leur coalition pour la gouvernance du pays.
Félix Tshisekedi avait entamé il y a quelques semaines, une série de consultations politiques pour tenter de refaire la majorité parlementaire, ce qui s’est avéré totalement impossible tant du point de vue de la loi et des pratiques aussi bien politiques que parlementaires. Une rencontre Kabila-Tshisekedi était devenue un impératif pour désamorcer la crise qui bloquait le fonctionnement harmonieux du pays.
Pour Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine, «en cas de persistance de la crise, l’Union africaine sera appelée à intervenir en tant qu’arbitre. C’est anormal que ce soit alors le Président de ce pays qui soit en même temps président de l’union. Etant lui-même une partie de la crise, il ne peut pas être juge et partie». Sinon, selon lui, aucune solution durable à la crise ne pourra être trouvée.
Il faut, pense-t-il, quelqu’un de neutre pour assumer le rôle du Président en vue d’une éventuelle médiation au cas où les partenaires en coalition au pouvoir en République Démocratique du Congo n’arrivent pas à aplanir leurs profondes divergences qui entraînent le pays dans un chaos aux conséquences terribles pour tout le continent.
Dans une lettre adressée à plusieurs chefs d’Etat du continent et à l’ONU, l’ancien Président de la RDC, a averti ses interlocuteurs que son successeur «a érigé sa propre volonté en règle qui gouverne la République et ne respecte ni loi du pays ni les clauses de l’accord signé, ce qui est susceptible de plonger le pays dans une crise aux conséquences incalculables».
Un avertissement qui semble avoir trouvé un grand écho aux destinataires qui exercent une pression très forte sur le Président de la RDC qui se trouve dangereusement coincé après des consultations qualifiées de «scène de théâtre et de suicide individuel» par une analyste.

Azer ZATABULI