L’érection de nouvelles provinces ecclésiastiques modifient considérablement l’organigramme de l’Eglise locale. Normal. Le plus intéressant, est que l’Eglise gagne en maturité. Va s’en suivre, nous osons espérer, une meilleure articulation entre institutions.

Dès lors que les institutions valent ce que valent les hommes, il faut opérer un choix judicieux des hommes pour les animer. L’accent doit être mis sur les ressources humaines à l’effet d’atteindre les objectifs fixés.
Tenant compte de certaines erreurs et de certains dysfonctionnements observés au sein des institutions de l’Eglise, quelles sont les dispositions prises dorénavant pour que rien ne soit plus comme avant?
Souscrivons pleinement aux objectifs visés par l’abbé Emile Biayenda qui disait en 1967: «les laïcs ont aussi leurs droits et devoirs découlant de leur appartenance au corps mystique de Christ de par leur baptême,» avant de souligner: «Ils ont un rôle privilégié dans le témoignage au sein des institutions séculières.» L’Eglise est l’affaire de tous les baptisés qui sont en mission pour la gloire de Dieu, pour que son règne demeure dans les siècles des siècles. C’est pour cela que le Seigneur nous appelle à travailler dans sa vigne. (Mat 20, 1-16).
Ainsi, les laïcs devraient à tous les niveaux de l’administration du territoire être associés dans la gestion du patrimoine de l’Eglise. Des magistrats, juges laïcs devraient travailler avec l’aumônier en charge de la pastorale de la justice et paix. Médecins, religieux ou religieuses relevant de la santé devraient être associés dans la pastorale de la santé, afin de faire revivre les Groupes évangiles et santé (GES) qui ont disparu dans certaines paroisses. Les cadres, comptables du ministère des Finances doivent être intéressés à la gestion des finances de l’Eglise et paroisses en travaillant dans les économats diocésains. Les laïcs inspecteurs de la jeunesse devraient apporter leur savoir aux côtés des aumôniers en charge de la pastorale de la jeunesse dans les diocèses et dans les paroisses. Les gestionnaires devraient se conformer aux critères définis dans les articles 17; 18 et 19 du statuts et règlement intérieur du Conseil pour les affaires économiques. Au lieu que cela soit l’affaire des seuls prêtres.
On voit ainsi l’énorme tâche du laïcat. L’Eglise catholique, pour des lendemains meilleurs devrait aussi penser à former les laïcs avant de leur confier les responsabilités. Les sessions de formation de ces derniers temps devraient s’imposer et rendues obligatoires. Le prêtre est formé durant près de sept ans, et le laïc? Le plus souvent dans l’Eglise, les responsables ne sont pas choisis en fonction de leurs savoirs ou connaissances, mais d’une manière empirique, voilà pourquoi d’autres se mettent au service des curés et non de l’Eglise.
Aux prêtres, le cardinal Emile Biayenda dans son homélie du 7 décembre 1975 à Pointe-Noire disait: «Je veux des prêtres bien formés, intellectuellement forts, pourvus d’une solide doctrine philosophique et théologique, et pastoralement engagés par une charité sincère et transformante….Nous devons éviter l’esprit du bloc des abbés.» Evitons d’avoir des prêtres personnels.
La création d’une Commission Vérification et Qualité dans les diocèses serait l’idéal. A l’instar des grandes sociétés, composée des prêtres et des laïcs, rattachée à l’évêque, elle aura pour rôle de passer périodiquement dans les paroisses pour se rendre compte de l’efficacité des directives édictées par l’évêque. L’évaluation s’en suivra. Un compte rendu en bonne et due forme à la hiérarchie, faisant mention de l’état d’avancement périodiquement, un bilan financier pastoral serait à suivre. Cette commission aura aussi pour tâche de vérifier si toutes les commissions sont implantées dans les paroisses et fonctionnent selon les principes de l’Eglise et non en fonction du curé. Ne plus attendre les ouvertures et fermetures des années pastorales pour le faire. En effet, tout projet ou toute action non évalué à mi-parcours ne vit pas et ne peut pas connaître de lendemain meilleur. Une administration qui n’applique pas ses textes et ne les respecte pas, ne remplit pas sa fonction.
Pour un bon contrôle de gestion de qualité, un directeur général de société n’assure jamais la fonction de directeur administratif et financier à la fois. Ce rôle est assuré par une autre personne. Mais pourquoi dans le fonctionnement des paroisses catholiques au Congo ce n’est pas le cas? Le curé s’occupe de tout. La gestion des finances et des biens matériels dans une société n’est jamais un domaine réservé au seul directeur général ou administrateur principal. Les paroisses devraient obéir aux exigences du niveau de pilotage d’une société (entreprise).
«Toute organisation industrielle ou administrative, quelle que soit sa finalité ou son statut juridique se trouve fixée à un contrôle financier ou audit qui lui permet de vérifier si les procédures de gestion de la structure sont appliquées et que le patrimoine n’est pas détourné ou mal utilisé. Le contrôle consiste à vérifier si toutes les dépenses sont effectuées selon le programme adopté.» (Fayol)
L’Eglise congolaise va revivre lorsque tous les pasteurs et laïcs vont se jeter à l’eau pour défendre son image noyée dans les antivaleurs devenues un naufrage général. Que les paroles prophétiques du bon Cardinal Emile Biayenda qui, durant sa vie, a lutté et s’est sacrifié pour l’Eglise du Congo touchent nos cœurs.

Jean Séraphin GANGA