Avec l’assouplissement du couvre-feu imposé depuis presque deux ans pour limiter la propagation de la COVID-19, les Congolais retrouvent un air de normalité en ce début d’année. Alors que 2022 devrait être l’année du retour tant espéré de la croissance, il est opportun de tirer les leçons de la pandémie pour une reprise économique soutenue et inclusive.

Comme tous les pays d’Afrique et du monde, la République du Congo a été durement frappée par la pandémie de la COVID-19. Les mesures restrictives prises par les autorités pour limiter la propagation du virus ainsi que la chute des prix et de la production du pétrole, dont l’économie du pays dépend fortement, ont durement impacté les activités. Le Produit intérieur brut (PIB) de la République du Congo s’est contracté de 7,9% en 2020, et les projections tablent sur une croissance toujours négative de -1.2% en 2021.
Ces difficultés économiques se ressentent évidemment dans le quotidien des populations, et en particulier dans celui des plus vulnérables, dont les femmes et les jeunes. Près de 300.000 Congolais se sont retrouvés en situation d’extrême pauvreté en 2020, amenant le taux de pauvreté de 48,5% en 2019 à 52,5% en 2020. Ce taux de pauvreté devrait atteindre 53,3% en 2021-2023, et le PIB par habitant ne devrait revenir aux niveaux d’avant COVID-19 que d’ici 2028, même avec une croissance moyenne de 5% par an à partir de 2024.
Il faudra donc des années pour résorber les effets de la pandémie sur la population congolaise et l’économie du pays. Alors comment peut-on tenir compte des leçons tirées de la pandémie pour soutenir une relance inclusive et protéger en particulier les populations les plus vulnérables ?

Renforcer le système de santé

Dès les débuts de la pandémie, la Banque mondiale a réagi promptement pour renforcer la réponse sanitaire et les systèmes de santé. Le projet de Riposte d’Urgence contre la COVID-19 (PRUC-19), financé à hauteur de 23,3 millions de dollars, a permis de renforcer les capacités de test, de fournir des équipements médicaux et de laboratoire, et de renforcer les capacités techniques des agents de santé, des agents communautaires et des autres personnels. Le projet a également permis l’achat et la distribution de vaccins et l’appui à la campagne de sensibilisation des communautés.
Par ailleurs, le projet de Renforcement du Système de Santé «Kobikisa» («sauver» en langue lingala), d’un montant de 50 millions de dollars, vise à promouvoir un meilleur accès aux services essentiels de santé pour les populations, et à améliorer le rendement et la capacité du système de santé sur le moyen et long terme.
A l’échelle régionale, près de 200 millions de dollars ont été déployés à travers le programme Régional de Renforcement des Systèmes de Surveillance des Maladies ou REDISSE (Regional disease surveillance systems enhancement) pour renforcer la collaboration entre les 16 pays participants en Afrique de l’Ouest et Centrale y compris la République du Congo et offrir une meilleure protection face aux maladies à un demi-milliard de personnes.

Généraliser l’accès aux vaccins

Alors qu’à ce jour 11% seulement de la population congolaise est entièrement vaccinée et que le Gouvernement exige désormais la présentation d’un certificat de vaccination pour accéder aux services publics et circuler dans le pays, nous devons travailler à un meilleur accès aux vaccins. La généralisation de l’accès aux vaccins est essentielle pour éviter de mettre sous pression le système sanitaire ainsi que toute l’économie. C’est pour cela que nous travaillons avec nos partenaires à fournir un appui matériel et un effort de sensibilisation à la vaccination.
Dans le cadre de l’initiative de l’Équipe spéciale de l’Union Africaine pour l’acquisition de vaccins en Afrique (African Vaccine Acquisition Task Team, AVATT), le Groupe Banque mondiale soutient la campagne vaccinale, y compris l’acquisition de vaccins et la sensibilisation des populations.
Aider les plus vulnérables à se relever des conséquences socio-économiques de la COVID-19
La crise de la COVID-19 n’est pas que sanitaire. Les populations sont également très affectées économiquement. Dans un pays dont 45% de la population a moins de 18 ans et 65% a moins de 30 ans, le chômage qui était déjà prévalent, s’est aggravé avec la pandémie. La flambée des prix des denrées alimentaires a rendu la vie encore plus difficile aux populations déjà durement éprouvées avant la pandémie.
Nous devons nous assurer que la reprise économique ne laisse pas de côté les plus vulnérables. A travers le Projet Lisungi de Riposte d’Urgence à la COVID-19 (PLRUC), près de 207 000 ménages à travers le pays ont déjà bénéficié d’une allocation d’urgence d’un montant de 50 000 FCFA. Le but est de toucher plus de 250 000 ménages au total à travers un financement de 50 millions de dollars.

Diversifier l’économie congolaise et miser sur les ressources humaines

La contraction de l’économie de la République du Congo au cours des deux dernières années a été aggravée par la dépendance au pétrole. Même si les prix du pétrole sont de nouveau à leur niveau d’avant la pandémie, leur volatilité met l’économie congolaise sous une pression constante. Il est donc nécessaire de promouvoir la diversification de l’économie du pays pour limiter les vulnérabilités. C’est pour cela que nous continuons à appuyer les secteurs primordiaux tels que l’agriculture, notamment en encourageant l’introduction de technologies pour augmenter la productivité, et la prise en compte des facteurs climatiques et considérations environnementales afin d’accompagner le Congo dans la diversification de son économie.
La Banque mondiale et tous les partenaires de développement doivent également soutenir le secteur privé, sans lequel le développement n’est pas possible. La population congolaise, et la jeunesse en particulier, est très dynamique et créative. Les efforts du gouvernement congolais pour la simplification et la digitalisation de la création d’entreprises vont dans le bon sens et sont à saluer.
Après la mobilisation de toutes les forces vives pour répondre à l’urgence de la pandémie, il est maintenant temps de capitaliser sur les leçons apprises pour orienter le pays sur la voie de la reprise et garantir ainsi un avenir meilleur pour tous.

Abdoulaye SECK
Directeur des opérations de la Banque mondiale pour la République du Congo, le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, et la République centrafricaine.

Contacts:
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