Il y a une tendance de l’opposition qui considère que le pays, à sec, s’adonne trop aux occasions de saigner encore plus à blanc les maigres ressources qui nous restent. Elle avance que, ayant du mal désormais à honorer tous nos engagements financiers à l’étranger et en interne, nous devrions nous limiter au strict nécessaire. Les voyages intercontinentaux, les congrès dispendieux, les dépenses somptuaires, les générosités sans but, les missions de prestige…: le robinet devrait être fermé.
Il y a, dit cette frange d’éternels grognons, des pays et des peuples que nous aidions hier qui nous ont désormais surclassés dans l’indice de développement humain. Leur PIB a largement dépassé le nôtre qui ne sommes plus tout à fait un émirat pétrolier. Le premier pays producteur de pétrole ce n’est déjà plus le Nigéria mais la Libye. C’est-à-dire un pays à la réconciliation duquel nous avons laborieusement œuvré, sans grands résultats pour son retour à la normalité constitutionnelle ou la garantie d’une contribution à une certaine stabilité africaine.
Nous écrivons ces lignes alors que se tiennent dans la capitale les travaux de la 74è Assemblée régionale de l’Organisation mondiale de la Santé. Exception peut-être qui confirmera la règle, cette assemblée qui aboutira au choix du directeur de l’OMS-Afrique, vient rappeler que tout n’est pas dispendieux. Elle se tient alors que nous sommes sous la menace d’une nouvelle épizootie. Après Ebola, après le Coronavirus, voici venue la variole du singe. Et notre sous-région est en plein cœur de son expansion!
Donc, quitte à dépenser pour dépenser, notre participation à la lutte mondiale contre les maladies peut atténuer la virulence (c’est le mot!) des critiques de l’opposition. Mais il reste les dépenses liées aux déplacements coûteux: locations des avions, frais d’hôtel, primes de voyage… C’est dans notre sous-région d’Afrique Centrale qu’on rencontre les chefs d’Etat casaniers, qui voyagent peu. Mais c’est également chez nous qu’on trouve les dirigeants qui ont la bougeotte. Donc, en gagnant en prestige, nous perdons en bourse: il faut choisir.

Albert S. MIANZOUKOUTA