Elle est bien loin l’époque où Pointe-Noire, la capitale économique congolaise, portait bien son nom: Ponton-la-belle! Outre les difficultés d’approvisionnement en eau et en électricité, les voiries urbaines en très piteux état…, depuis quelque temps, la ville pétrolière congolaise est en butte à un autre problème. Elle schlingue. Elle ne dégage pas l’odeur du pétrole produit au large de ses côtes. Mais plutôt celle des ordures ménagères qui ne sont plus ramassées voici plus d’une semaine. Et pour cause: les éboueurs d’Averda, la société chargée de leur ramassage, ont entamé la danse de la grève. Marchant dans le sillage de leurs collègues de Brazzaville. Les grévistes accusent plusieurs mois de salaires impayés.
Un spectacle désolant. C’est le moins que l’on puisse dire du visage que présentent, aujourd’hui, les principales artères de la ville océane: des bacs à ordures remplis à ras bord et qui débordent. Les immondices s’étalent parfois sur plusieurs mètres, rétrécissant la chaussée. Des odeurs pestilentielles s’y dégagent. Exposant les populations à plusieurs sortes de maladies.
«L’odeur est nauséabonde. C’est insupportable. On ne sait pas où va ce pays. Franchement, le Congo ne cesse de piquer du nez. Figurez-vous que nous sommes obligés de nous couvrir le nez, à longueur de journée. Ce qui n’est pas normal. Jadis Ponton-la-belle, Pointe-Noire devient Ponton-la-puante. On a l’impression d’être abandonnés par les gouvernants. Pointe-Noire est quand même la capitale économique du pays. C’est une ville pétrolière, centenaire qui plus est! On a des problèmes d’eau, d’électricité, les routes sont dans un état calamiteux. Comme si cela ne suffisait pas, on est désormais en proie aux caprices de la société Averda. Avec l’arrivée de la saison des pluies, nous sommes exposés à plusieurs sortes de maladies. Franchement, des choses inadmissibles se passent dans ce pays. Le pire est qu’on ne sait pas combien de temps cette situation va durer», se plaint Claude B., habitant du 3e arrondissement Tié-Tié.
«Sauf si je ne m’abuse, chaque fin du mois, l’Etat congolais prélève deux mille francs à chaque fonctionnaire. A ce que je sais, la Fonction publique compte plusieurs milliers de fonctionnaires. Donc, chaque mois, c’est ne pas d’un milliard de F.CFA qui sont collectés. Mais, où, diantre, va cette somme colossale? Certainement, dans les poches de certaines personnes qui se la coulent douce. En toute impunité. Franchement, je suis dépité. Il s’agit ni plus ni moins d’une atteinte grave au droit de la santé, et à un environnement sain», fulmine, pour sa part, Ghislain L.
Pour pallier l’absence sur le terrain des travailleurs d’Averda, la Mairie de Pointe-Noire a cru bon de déployer ses engins, notamment au centre-ville. Un cautère sur une jambe de bois. Vu l’étendue des ordures à ramasser.
Il nous souvient encore qu’il y a quelques mois, le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, avait promis revêtir Pointe-Noire de ‘’sa plus belle robe’’, à l’occasion de son centenaire, célébré cette année. Au vu de la grave crise économique et financière qui cisaille le pays, il est à craindre que le ‘’PM’’ ait tiré des plans sur la comète.
Séverine EGNIMBA