La santé mentale des Congolais est mise à rude épreuve. Environ sept congolais sur 100 meurent par suicide chaque année, selon des estimations. Mais nombreux n’ont pas le courage de demander l’aide d’un psychologue, alors que des particuliers et des institutions peuvent aider bien des personnes en détresse. Jean Didier Mbelé, enseignant chercheur psychologue à l’université Marien Ngouabi, et le Dr Michel Dzalamou, psychologue-clinicien, psychothérapeute, président de l’association psycho-santé solidarité et consultant en santé mentale, en font partie. Les deux psychologues abordent ce sujet dans l’interview qu’ils nous ont accordée.
*Le suicide est-il une fatalité?
** Jean Didier Mbelé: Non, elle est une tragédie évitable, même pour une personne suicidaire qui veut réellement mourir.
**Michel Dzalamou: On peut prévenir un acte suicidaire. Le premier secours est psychologique lorsqu’il vise à apporter un soutien à une personne en détresse.
*Que faire et à qui s’adresser face à une crise suicidaire ?
**Jean Didier Mbelé: Il faut contacter des psychologues professionnels, des enseignants pour comprendre celui qui a des pensées suicidaires. Généralement, ceux qui se suicident, ce sont les jeunes.
**Michel Dzalamou: Il est conseillé d’établir une bonne relation avec la personne pour comprendre sa souffrance intérieure. Un acte suicidaire, on peut le prévenir chez un individu assez tôt dès qu’on constate les signes d’alerte.
*Comment s’y prendre pour contribuer à la prévention?
**Jean-Didier Mbelé: Il faut faire confiance aux spécialistes comme les psychologues et les assistantes sociales en prenant en compte les préoccupations des jeunes, les questions socioéconomiques. Les raisons d’un suicide ne sont pas les mêmes en Afrique qu’en Occident.
**Michel Dzalamou: Il ne faut pas être indifférent devant la souffrance de l’autre. Il faut avoir ce qu’on appelle une empathie sociale, ce qui nous permet d’être en harmonie avec une personne en difficulté. Dans l’éducation chrétienne, on dit: aimons-nous les uns les autres.
*Enregistrez-vous beaucoup de cas dans cette détresse?
**Michel Dzalamou: Pas trop. Mais, ces cas existent. Souvent ce sont des cas de déviance psychiatrique, parce qu’il y a certaines pathologies qui peuvent amener certains patients au suicide. Si nous constatons cela, on se réfère au service de psychiatrie. C’est le service habileté à prendre en charge ce type de cas.
*Un message?
**Michel Dzalamou: Le suicide, il faut en parler comme le dit l’OMS. Il faut sensibiliser la population sur les signes annonciateurs de ce phénomène regrettable. Souvent, beaucoup de parents sont surpris et nombreux d’entre eux agissent par ignorance. Il ne faudrait pas que les parents banalisent ce genre de signes ou de comportements. Il faut sensibiliser la population sur tout ce qui peut attirer notre attention vis-à-vis de ces comportements qui s’élaborent chez un individu avant qu’il ne matérialisent un suicide.
Propos recueillis par
Philippe BANZ







