L’association Azur Développement a sensibilisé vendredi 24 janvier au lycée de la Révolution, à Brazzaville, des enseignants des écoles des arrondissements de Brazzaville, Makélékélé, Moungali, Talangaï, Mfilou-Ngamaba, Madibou, Djiri, sur les grossesses précoces et non désirées. Ils étaient au total 117 à prendre part à cette sensibilisation dans le cadre du projet «Promotion des droits et autonomisation économique des femmes et filles vulnérables», financé par l’Union européenne.

L’objectif générique du projet est de contribuer à réduire la vulnérabilité des femmes et des filles par l’accès aux services de santé et leur autonomisation économique. En les prévenant des grossesses précoces, non désirées des IST et du V.i.h-Sida. «Il cible spécifiquement les femmes et jeunes filles victimes de violence, pour leur permettre un meilleur accès aux opportunités de formation, d’insertion socio-professionnelle et économique pour autonomisation, notamment les déplacées des zones de crise du département du Pool», a précisé Valonne Kioungou, coordonnateur du projet U.e. Sssr d’Azur Développement.
Les 117 participants ont été édifiés sur les tabous et autres pesanteurs sociologiques qui freinent l’éducation sur la sexualité; les dispositions légales en matière de santé sexuelle et de la reproduction. «Il n’existe aucune loi spécifique en matière de santé sexuelle et de la reproduction. Toutefois, on trouve de façon disparate quelques articles dans certains textes de loi qui renvoient à la santé sexuelle. Le Code pénal congolais stipule que l’avortement est un délit criminel», a fait savoir Roméo Mbougou, juriste.
Parlant de la prévention des IST et du VIH-SIDA, Charles Roger Diankembo, chef de section V.I.H-SIDA au CNLSE, a indiqué que «la lutte contre le V.i.h-Sida va de pair avec l’estime de soi, c’est-à-dire l’expression de l’opinion portée sur soi-même et l’idée que l’on se fait de soi-même. Il y a deux sortes d’estimes de soi, selon W.James: la satisfaction et le mécontentement de soi.»
Au Congo, selon les estimations de l’ONUSIDA en fin 2018, a-t-il poursuivi, la prévalence nationale du VIH était estimée à 2,6% dans la population de 15 – 49 ans. Le nombre de personnes vivant avec le VIH est de 89. 000 tous âges confondus, (82.000 adultes de plus de 15 ans (92%) et 7.000 enfants (8%) de 0-14 ans. La prévalence du VIH chez les femmes est supérieure (3,7%) à celle des hommes (1,6%), il y a féminisation de l’épidémie. On estime à 5.300 nouvelles infections dans le pays (1.200 chez les enfants et 4.100 chez les adultes).
«La prévalence du VIH chez les femmes enceinte est estimée à 3,6%. Entre 15 et 39 ans, le taux de séropositivité augmente dans les tranches d’âges (0,1% chez les 15 -19 ans, 2,4% chez les 20 -24 ans, 2,5% chez les 25-29 ans, 3,10% chez les 30-34 ans et 3,5% chez les 35-39 ans. Il y a juvénilisation de l’épidémie au Congo», a-t-il conclu.
Mme Aurore, Sage-femme, a ainsi parlé aux enseignants de la grossesse précoce: «une grossesse précoce s’entend comme une grossesse contractée avant l’âge de 18 ans. Elle peut aussi se définir sous le paradigme de grossesse adolescente. Dans bon nombre de cas ce sont des grossesses non désirées qui surviennent en dehors du mariage. Mais, il y a aussi de grossesses non désirées ou non planifiées qui se contractent en couple.» Plusieurs facteurs expliquent les grossesses adolescentes: l’insuffisance d’information de qualité pouvant préparer l’adolescente à la vie sexuelle, les mauvaises fréquentations, le visionnage des images sur des sites pornographiques, le manque de structures pour des loisirs sains, le viol et l’inceste, etc.
D’une durée de 30 mois, le projet dans son ensemble cible 9.649 personnes issues de différents groupes, dont 700 femmes et filles victimes de violences; 1.440 femmes et filles séropositives; 2.370 femmes et filles économiques défavorisées;1.500 hommes, 1.500 garçons, dont 250 enseignants de 25 écoles secondaires; 399 professionnels de santé de 20 centres de santé dans les zones d’intervention du projet.
Le projet s’étendra également dans les départements de Pointe-Noire et de la Bouenza.

Viclaire MALONGA