Dans le but d’explorer des solutions permettant de combiner une amélioration de la sécurité alimentaire des populations congolaises et la conservation de l’importante biodiversité du pays, l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS) a organisé, en décembre 2024 à Brazzaville, un atelier dédié à la réflexion sur un système durable de production domestique de la faune sauvage en République du Congo. Placé sous la présidence de Roger Mbété, conseiller à la biodiversité, à la lutte anti-braconnage et à la promotion des activités génératrices de revenus (AGR) du ministre de l’Economie forestière, cet atelier a réuni des représentants des ministères en charge de l’Economie forestière, de l’Élevage, du Développement durable, ceux d’Agri Congo, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et de la FAO.

Pour faire face à la surexploitation des espèces fauniques et à la forte prédation de la chasse illégale, l’ONG WCS, s’investit pleinement dans l’amélioration des pratiques de conservation et de gestion de la biodiversité, notamment via le programme de gestion durable de la faune sauvage (SWM) financé par l’Union Européenne et mis en oeuvre en partenariat étroit avec le MEF. L’atelier de réflexion sur un système durable de production domestique de la faune sauvage en République du Congo s’inscrit dans le cadre de cette collaboration et avait pour but de rechercher les meilleures pratiques d’élevage des espèces sauvages dans les agglomérations du Congo, par ailleurs, principales foyers de consommation de la viande de chasse.

Les participants à l’issue de l’ouverture de l’atelier

Ouvrant l’atelier Roger Mbété, conseiller à la biodiversité au ministère de l’Economie forestière, a souligné la nécessité de promouvoir la domestication en ce sens qu’elle participe de la diversification économique, génère plusieurs emplois et par conséquent permet de réduire la pauvreté, tel que défini dans le programme de société du Président de la République «La marche vers le développement».
Au cours de cet atelier, les acteurs intervenant de la conservation de la faune, parmi lesquels, des experts des ministères de l’Economie forestière, de l’Élevage et ceux des ONG de conservation de la nature ont suivi plusieurs exposés portant sur le développement de la production animale en Afrique centrale, le diagnostic des initiatives de domestication des animaux sauvages au Congo et sur les risques de maladies transmises entre l’homme et la faune sauvage (zoonoses).
Les experts ont indiqué les espèces propices à l’élevage en expliquant les spécificités de leurs mécanismes de reproduction et l’éventuelle rentabilité autour de cette activité. Ainsi, l’aulacode (connu sous le nom de Sibissi) est l’une des espèces, selon les experts, la plus adaptée à l’élevage en milieu urbain, quoiqu’il faille s’entourer de certaines précautions à l’exemple de l’assistance d’un expert zootechnique.
Se basant sur l’expérience congolaise de l’élevage de l’aulacode développée autrefois par Agri Congo qui, avec 80 têtes au départ, s’est retrouvé avec une trentaine de spécimens, les experts ont souligné que parmi les facteurs d’échec se trouvent le manque d’expertise, la précarité des ressources financières et surtout l’apparition des épidémies. Si celles-ci constituent un facteur pouvant entraîner une baisse des activités d’élevage, il faut souligner également que l’élevage des animaux comporte d’énormes risques de zoonose. L’exposé développé à cet effet a mis en évidence le fait que les zoonoses représentent une menace majeure pour la santé publique, car environ 60 % des maladies infectieuses chez l’homme sont dues à la transmission d’agents pathogènes de l’animal à l’homme, la faune sauvage étant un réservoir important de zoonoses.
A la suite des exposés, les participants se sont constitués en groupe de travail aux fins de retenir les meilleures pratiques à prévaloir dans le cadre de l’élevage de la faune sauvage. Les recommandations formulées à l’issue des travaux ont confirmé que les espèces sauvages à adapter à un élevage sont l’aulacode et l’athérure (porc-épic). Les participants ont également souligné la nécessité de mettre en place une station pilote de production des géniteurs; d’élaborer un programme de formation sur les techniques d’élevage des espèces retenues et un programme de recherche et de vulgarisation des techniques d’élevage en milieu rural. Aussi, l’Etat et les ONG de conservation devront-ils apporter un appui technique aux initiatives d’élevage tandis que la Banque mondiale, l’Union européenne (UE), la Banque africaine de développement (BAD) et d’autres partenariats sont appelés à jouer leur partition.