Après le décès dans un hôpital public de Louga, localité située au Nord du pays, d’une femme enceinte ayant attendu un accouchement par césarienne durant des heures, et dont le sort tragique a ému le pays, six sages-femmes sont poursuivies par la justice pour non-assistance à personne en danger. Quatre parmi elles, ont été écrouées mardi 19 avril dernier dans cette même localité, et deux sont en liberté provisoire.
D’après leur avocat, Me Abou Abdou Daff, «depuis plus de quatre ans, les deux dernières étaient employées comme stagiaires avec une modique rémunération, et on leur demande des résultats en matière de qualités de soins. Les six sages-femmes doivent être jugées, le 27 avril devant le Tribunal de Grande instance de Louga», a-t-il dit.

Pour Abdoulaye Diouf Sall, ministre sénégalais de la Santé, «la mort d’Astou Sokhna, enceinte de neuf mois, à l’hôpital public de Louga, aurait pu être évitée avec plus de vigilance. La presse sénégalaise avait initialement rapporté que le drame s’était produit le 7 avril, mais selon le rapport de la mission d’enquête du ministère de la Santé, la victime est décédée le 1er avril».
Rapportées par les médias sénégalais, les circonstances de sa mort ont suscité un flot de protestations sur le système de santé. Elles ont également provoqué une réponse au plus haut niveau de l’Etat avec entre autres, le limogeage du directeur de l’hôpital, annoncé au cours d’un Conseil des ministres. Agée d’une trentaine d’années, Astou Sokhna est décédée après avoir attendu dans les grandes souffrances pendant une vingtaine d’heures la césarienne qu’elle réclamait. Le personnel aurait refusé sa demande, arguant que son opération n’était pas prévue, et aurait menacé de la chasser si elle insistait selon des sources dignes de foi.
L’Alliance des syndicats autonomes de la santé (ASAS) a annoncé avoir entamé mercredi 20 avril, une grève de 72heures, en soutien aux camarades de Louga, poursuivies par la justice. Cependant, elle a déploré le 16 avril que le gouvernement n’ait pas attendu les conclusions de l’enquête judiciaire pour condamner les travailleurs avant de les jeter en pâture. D’après l’ASAS, cette grève vise également à protester contre le non-respect par le gouvernement des accords pour une meilleure rémunération des agents de santé.

A.P MASSAMBA