C’était l’une des promesses de Bassirou Diomaye Faye à son accession à la magistrature suprême au Sénégal: dresser un état des lieux de la situation économique du pays. Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui s’était vu confier cet audit de transparence, en a présenté jeudi 26 septembre 2024 les principales conclusions avec des ministres. Les charges contre l’ancien régime sont nombreuses.
Le président sénégalais a promis des enquêtes sur la corruption généralisée sévissant sous l’ancien pouvoir en place avant avril 2024, qu’il a accusé d’avoir manipulé les chiffres des finances publiques. Pour Ousmane Sonko, «nous étions loin d’imaginer que les choses étaient aussi catastrophiques». Il a évoqué la gabegie dans les choix des dépenses de l’ancien régime et n’a pas hésité à prononcer les mots de corruption et le favoritisme pour les expliquer.
La politique d’endettement effrénée, a-t-il poursuivi, a donné lieu à l’utilisation des ressources non-transparentes et favorables à une corruption généralisée». De même, il a dénoncé une méthodologie pour détourner en masse des deniers publics. «Le régime de Macky Sall a menti, tripatouillé les chiffres donnés aux Sénégalais, aux partenaires internationaux, FMI en tête, pour donner une image économique, financière et budgétaire qui n’avait rien à voir avec la réalité», selon lui.
Présent dans la salle, Abdourahmane Saar, ministre de l’Economie, du plan et de la coopération a appuyé ces propos avec des chiffres sur les années 2019 à 2023: alors que l’ancien régime évoquait publiquement une dette de 65,9% du PIB sur cette période, elle était en moyenne en réalité dix points plus élevés, selon l’audit de l’actuel gouvernement. Même chose pour le déficit annoncé à 5,5% du PIB, mais qui aurait atteint en moyenne 10,4% sur ces quatre années. «A la fin 2023, la dette de l’Etat est de 15 664 milliards, soit 83,7% du PIB, alors qu’elle était annoncée à 73,6% du PIB».
Ousmane Diagne, ministre de la Justice a fait savoir que les conséquences juridiques seront tirées et des personnes poursuivies. Ces agissements «semblent revêtir une qualification pénale que les autorités judiciaires compétentes saisies vont devoir déterminer au moyen d’investigations qu’elles jugent appropriées. Les personnes susceptibles d’avoir eu à commettre des faits contraires pour infraction avec la loi pénale en subiront toutes les conséquences de façon rigoureuse», a-t-il relevé.
D’après le Premier ministre sénégalais, «les prochains mois seront difficiles, mais doivent permettre de se remettre sur le bon chemin». Notons que dans les prochains jours chaque ministère et administration publieront en détail les observations concernant leur périmètre.
A-P. MASSAMBA