En présence du garde des Sceaux, ministre de la Justice des droits humains et de la promotion des peuples autochtones, Aimé Wilfried Bininga, et du premier président de la Cour Suprême, Henri Bouka, le premier président de la Cour d’appel de Brazzaville, Jean Ngombo, a procédé mercredi 23 octobre 2024 à l’ouverture solennelle de la session criminelle du Tribunal de Grande Instance de Brazzaville. Elle sera close le 8 mars 2025.
Avec 71 affaires inscrites à son rôle, cette session témoigne de l’ampleur des enjeux judiciaires auxquels la société congolaise est confrontée. Chaque affaire porte en elle des histoires de vie, des enjeux sociaux et des implications légales qui nécessitent une attention méticuleuse et une délibération équitable. Les premiers procès ont porté sur le meurtre d’Anne Félicité Massamba-Débat et de Van-Bauer Ibara, étudiant en master à la faculté de Droit, assassiné par les «Bébés noirs» en août 2024 à Talangaï.
Les 50 jurés tirés au sort dans chaque juridiction relevant des tribunaux du ressort de la Cour d’appel de Brazzaville (Gamboma, Djambala, Kinkala, Kindamba), qui avaient prêté serment, joueront un rôle crucial dans ce processus. Ils incarnent la voix du peuple dans le système judiciaire, apportant avec eux leurs perspectives diverses pour aider les juges à prendre des décisions justes et impartiales.
L’avocat général, Priva Roméo Patchel Itoua, a souligné l’importance de leur mission en demandant de mettre de côté les sentiments personnels, la haine et tous autres préjugés qui pourraient obscurcir leur jugement.
Ce rappel à l’objectivité et à l’impartialité est fondamental dans un système judiciaire qui se veut juste et équitable. Il réaffirme l’engagement du tribunal à maintenir l’intégrité du processus judiciaire et à garantir que chaque accusé reçoive un procès équitable, où les faits et la loi prévalent sur les émotions et les opinions personnelles.
Au nom de Me Christian Eric Loko, bâtonnier du barreau de Brazzaville, Me Alphonse Dianguitoukoulou s’est réjoui de l’ouverture de cette session criminelle, en soulignant qu’à travers les audiences, il devra être question de «chercher un coupable, mais pas un coupable à tout prix». Et à l’endroit des jurés, il a indiqué que de leur «réponse à chaque question posée dépendra le sort de chaque accusé. Sachant qu’il «vaut mieux 100 coupables en liberté qu’un seul innocent en prison», a-t-il soutenu.
Jean Ngombo a rappelé la noblesse, mais aussi la contrainte de la fonction du juré. A commencer par leur attitude, leur assiduité, leur probité morale et surtout l’éveil de leur sens de responsabilité. «Ils seront appelés ensemble avec les magistrats à sculpter, à établir la culpabilité et à prononcer les peines correspondantes à certains des compatriotes qui se sont écartés du comportement acceptable par tous. Pour ce faire, la justice sentimentale, de la peur ou de la vengeance est à bannir. Puisque l’opinion nationale attend des réponses face à la montée de la criminalité dans les familles, les quartiers, les villes et les campagnes», a-t-il déclaré.
Aux magistrats, Jean Ngombo a estimé qu’ils ne sont pas exempts de reproche. «Il faut recadrer les responsabilités des uns et des autres sur cette chaîne d’intervention de l’action pénale. Il en va de la sécurité de tous», a-t-il conclu.
Gaule D’AMBERT