Depuis son origine, la fête du 8 mars est consacrée à la revendication des droits des femmes, qui luttent pour l’égalité des droits civiques avec les hommes. Les femmes ont œuvré pour obtenir une voix dans une société où les hommes détiennent le monopole. Aujourd’hui, elles ont su valoriser leur existence et se faire une place dans la société.
Cependant, certaines sphères de pouvoir, comme l’armée, demeurent inaccessibles aux femmes. Par exemple, la nomination au grade de général est encore réservée aux hommes, et l’idée d’une femme intellectuelle dans les forces de sécurité reste un mythe péjoratif. Aline Olga Lonzaniabeka, une femme officier des FAC issue de l’Académie militaire Marien Ngouabi, souligne à travers ses écrits l’importance du rôle des femmes dans l’armée.
La femme que nous souhaitons aujourd’hui est celle qui s’affirme par son intelligence, qui agit positivement et qui combat l’injustice et la violence. Nous voulons des femmes qui se distinguent par leur travail, leur réflexion, et qui peuvent diriger des domaines que les hommes considèrent comme leur apanage. À cet égard, Gisèle Pelicot est devenue une icône féministe lors du procès des viols de Mazan en France.
Le thème de cette année, «Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation», nous appelle à agir pour libérer les droits et l’égalité pour toutes les femmes, afin de construire un avenir inclusif.
Mais cette journée, pour les femmes congolaises, devient-elle une célébration des anti-valeurs ?
À en juger par le faste, l’intérêt vestimentaire et les retrouvailles entre femmes dans les associations, la réponse semble être négative. Beaucoup de femmes au Congo se concentrent sur le caractère festif de cette journée, négligeant son aspect militant. Nous avons ainsi vu des rassemblements dans des bars et clubs, où l’objectif est de s’amuser entre filles, de danser et de consommer sans limite, parfois au détriment de leurs relations personnelles.
Néanmoins, une minorité de femmes est consciente des véritables enjeux de cette journée. Elles organisent timidement des rencontres pour discuter de l’amélioration de leur statut social, réclamant dignité et égalité professionnelle, tout en réaffirmant les valeurs ancestrales de la femme congolaise face à un féminisme souvent perçu comme occidental et déshumanisant.
Bien que ces initiatives soient louables, il reste un travail considérable à accomplir. Ces femmes doivent sensibiliser celles qui voient encore cette fête sous un angle festif, leur expliquant son essence et ses enjeux. Il est crucial de promouvoir une vision de dénonciation des injustices subies. Ainsi, chacun pourra prendre conscience des problèmes et établir des mesures pour améliorer les conditions de vie de tous.
Madocie Deogratias MONGO