Revenu il n’y a pas longtemps aux affaires, le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, a démissionné dimanche 2 janvier 2022. Il avait été réintégré dans ses fonctions depuis seulement quelques semaines, à la faveur d’un accord politique passé avec les militaires au pouvoir.

Il n’avait pas réussi à constituer de Gouvernement et les protestations continuent, contre le coup d’Etat militaire du mois d’octobre. De même, il estime qu’une table ronde était nécessaire pour trouver un nouvel accord afin de permettre au Soudan de se constituer en pays démocratique.
Evoquant les raisons de sa démission, Abdallah Hamdok a déclaré: «J’ai décidé de renoncer à mes responsabilités et d’annoncer ma démission en tant que Premier ministre, pour donner une chance à un autre homme ou une autre femme de ce noble pays de continuer à diriger notre chère nation et de l’aider à passer par ce qui reste de la période de transition vers un pays démocratique civil». Ajoutant: «Même après le coup d’Etat du 25 octobre, nous avons signé un accord-cadre avec les militaires pour tenter de revenir sur la voie d’une transition démocratique, pour mettre fin à l’effusion de sang, pour la libération des prisonniers, et pour sauvegarder les acquis tout au long des deux dernières années, et adhérer à la déclaration constitutionnelle qui régissait la transition».
Le désormais ex-Premier ministre a par ailleurs indiqué que «cet accord n’était qu’une tentative supplémentaire pour amener toutes les parties à la table des négociations et pour convenir d’un document permettant de mener à bien le reste de la période de transition». Avant de remercier tous ceux qui, dans le monde entier, soutiennent la liberté, la paix et la justice et qui ont cru en cette révolution et notre grand peuple. «Vous avez été merveilleux en soutenant les aspirations du peuple soudanais et son droit à la liberté. Notre peuple reconnaissant ne l’oubliera pas, et j’espère que vous continuerez à le soutenir».
Economiste et ancien fonctionnaire des Nations unies, Abdallah Hamdok était devenu Premier ministre suite au renversement d’Omar el-Béchir, il y a trois ans. Evincé et placé en résidence surveillée par les militaires lors du coup d’Etat du 25 octobre 2021, il avait été réintégré par la junte dans ses fonctions au mois de novembre, ce qui l’a fait passer pour un traître aux yeux des manifestants qui veulent un retour des civils au pouvoir. Dans le pays, les manifestations anti-junte continuent; deux manifestants ont été tués samedi 1er janvier et plusieurs autres blessés.
Depuis le 25 octobre, au moins 57 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations, et plusieurs centaines d’autres ont été blessées. Au niveau des quartiers, les Conseils de résistance signalent régulièrement des disparitions dans leurs rangs. La capitale Khartoum est verrouillée, coupée de sa banlieue par des containers posés sur les ponts d’accès sur le Nil, et cela depuis de nombreux jours.

A.P MASSAMBA