L’Afrique renoue avec ses vieux démons des coups d’Etat. Après le Mali, la Guinée Conakry, c’est le Soudan qui emboîte le pas. Les militaires ont déposé le pouvoir en place tenu par les civils, lundi 25 octobre dernier dans la matinée. Ils ont procédé par l’arrestation des dirigeants civils dont le Premier ministre Abdallah Hamdok, après des semaines de tension entre les autorités civiles et militaires de transition. Les militaires accusent les civils de monopoliser le pouvoir.

Le général Abdel Fattah al-Burhan a annoncé la dissolution des institutions de transition et décrété l’état d’urgence. Dès l’aube, lundi 25 octobre 2021, après le forfait des militaires, de nombreux manifestants sont sortis dans les rues de Khartoum alors que les syndicats appellent à la désobéissance civile. L’armée a tiré à balles réelles sur les protestataires devant ses quartiers généraux. Un bilan provisoire fait état d’au moins trois personnes tuées et plus de 80 blessés à Khartoum la capitale, selon un syndicat de médecins prodémocratie.
Malgré les morts déplorés, le docteur al-Assam Nagy, figure du soulèvement contre al-Bachir, de l’Association des professionnels soudanais appelle toutes les organisations civiles, comités de résistance et associations à descendre dans les rues contre le coup d’Etat.
Au niveau international, la situation au Soudan continue de susciter de nombreuses réactions. Comme à l’accoutumée, l’Union africaine fait part de «profonde consternation», l’ONU condamne le coup d’Etat et l’Union européenne exhorte les différentes forces en présence d’éviter un bain de sang.
Dans la soirée du coup d’Etat, le général Abdel Fattah al-Burhan a décliné neuf mesures pour «corriger la trajectoire de la révolution». Entre autres, il s’agit de: décréter l’Etat d’urgence dans l’ensemble du pays; s’engager à appliquer ce qui a été décidé dans la Déclaration constitutionnelle pour la période de transition en 2019 et l’accord de paix du Soudan signé à Juba en octobre 2020; suspendre les articles n°11-12-15-1624-71 et 72 de la Déclaration constitutionnelle tout en s’engageant à respecter les accords internationaux signés par le gouvernement provisoire; dissoudre le Conseil souverain de transition et remercier les membres; dissoudre le Conseil des ministres et tous les membres du gouvernement; démettre de leurs fonctions, les gouverneurs des Etats; démettre de leurs fonctions les ministres d’Etat et vice-ministres; suspendre le travail du comité chargé du démantèlement de l’ancien régime. Les directeurs généraux dans les ministères et dans les Etats seront chargés d’évacuer les affaires courantes et faire tourner la roue du travail.

Gaule D’AMBERT